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Paris - Compte-rendu : Krivine découvre l’Amérique de Dvorak
Il y a au moins une chose qu’ignorent les malades de la consommation de musique enregistrée, ou en conserve si vous préférez, c’est la joie de la surprise que peut toujours réserver le concert vivant. A une première partie fade, voire insipide, peut succéder une seconde exaltante. C’est exactement ce qui s’est passé lors du dernier concert donné par Emmanuel Krivine (photo) et son phalanstère musical dénommé Chambre philharmonique. Si tout avait été du niveau des deux pièces de Schumann inscrites avant l’entracte – la mini symphonie que constitue l’Ouverture, Scherzo et Finale opus 52 et le fameux Konzertstück pour 4 cors opus 86 – je ne vous en aurais même pas parlé, car elles relevaient de l’adolescence de cette récente phalange d’instruments dits d’époque.
Curieuse et vague dénomination qui autorise toutes les folies. Et c’en fut une de confier à quatre brillants solistes – ils le prouvent à d’autres occasions au sein d’autres formations – des cors qui pour être sans doute contemporains de Schumann l’ont trahi bien plus que ne l’auraient fait des instruments plus récents, plus au point et surtout plus familiers à nos quatre cobayes ! Ils se sont vaillamment battus avec leur improbable tuyauterie sans résultat musical probant : rideau.
Puis, vint le miracle de l’entracte avec une 9ème Symphonie de Dvorak que vous croyez connaître par cœur pour l’avoir entendu pétarader sous la baguette de « jet-chefs » qui font monter la mayonnaise au fouet. Et voilà que vous la découvrez enfin avec ses allées secrètes, ses mystères enfouis d’ordinaire sous le vacarme, ses thèmes secondaires subtils soudain révélés par un chambriste hors pair nommé Krivine. Tout cela est remarquablement construit, pardon reconstruit, pensé, réfléchi et réalisé par un orchestre où chacun se défonce méritant effectivement le même salaire quelque soit sa place dans le pupitre. La Symphonie du Nouveau Monde n’a jamais si bien porté son nom d’authentique démocratie, telle qu’il le fut lorsque Dvorak le découvrit.
Si vous ne me croyez pas, attendez donc pour vérifier par vous-même la sortie de l’enregistrement que la firme Naïve a eu la bonne idée d’en faire.
Jacques Doucelin
Cité de la Musique, le 11 janvier 2008
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Photo : DR
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