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Véronique à Paris, Fortunio à Dijon d'André Messager
Début d’année synonyme de légèreté et de fraîcheur au Châtelet. Véronique d’André Messager (photo) est à l’affiche pour sept représentations, sous la baguette de Jean-Christophe Spinosi et dans une mise en scène de Fanny Ardant (avec Ian Falconer pour les décors et la vidéo). Amel Brahim-Jelloul (Véronique) et Dietrich Henschel (Florestan) tiennent les rôles principaux d’une production qui prend le parti de déplacer dans les années 1950 une action originellement située sous le règne de Louis-Philippe – Benoît Duteurtre s’étant chargé d’adapter les dialogues. Comment l’action de cet opéra-comique s’accommodera-t-elle d’une telle transposition ? Réponse à partir du 21 janvier.
Véronique est, avec Fortunio, la partition la plus célèbre de Messager, mais la production du Châtelet pourrait bien aiguiser la curiosité des auditeurs et les inciter à mieux connaître un compositeur parmi les plus attachants de sa génération. Dans ce cas, on ne peut que leur recommander de déguster le double CD «Hommage à Messager » disponible au catalogue Cascavelle(1). Constituée d’enregistrements historiques excellemment repiqués, cette belle anthologie survole la production de Messager de 1890, année marquée par le succès de La Basoche – « un type bien frappant de ce que peut être l’opéra-comique français, et bien français », disait Fauré de cette partition -, jusqu’à Coup de roulis (1928) sur un livret d’Albert Willemetz, qui démontre que Messager a su s’adapter à l’évolution du goût musical au lendemain de la grande guerre, sans pour autant renoncer au raffinement et à l’exigence qui lui avaient valu le respect de ses pairs.
Si l’on se souvient de Messager comme auteur de musique légère, il ne faudrait pas oublier la culture immense et l’activité très riche qui le caractérisèrent(2). L’artiste fut un chef d’orchestre de premier ordre et se dépensa sans compter pour la musique de son temps. Dédicataire du Pelléas et Mélisande de Debussy, il en assura la création et les premières représentations en 1902, mais dès 1898 il avait conduit la première parisienne de La Bohème de Puccini, en 1900 celle de Louise de Charpentier. L’auteur de Véronique n’en restait pas moins un wagnérien fervent. Très tôt, il fit partie des « pèlerins » de Bayreuth, ramenant de la colline sacrée une savoureuse « Fantaisie en forme de quadrille » sur des thèmes du Ring pour piano à quatre mains : les Souvenirs de Bayreuth - un ouvrage élaboré avec la complicité de son ami Fauré.
André Messager a contribué de manière décisive à la diffusion de la musique de Wagner en France durant les premières années du XXe siècle. A l’Opéra de Paris, il dirigea un Ring complet en 1909 et fut le créateur de Parsifal en 1914. Nombreux ceux qui ont loué les qualités de chef de Messager. Reynaldo Hahn écrivait en 1908 dans Musica : « On peut appliquer à M. Messager considéré comme chef d’orchestre ce mot de Mallarmé à quelqu’un qu’il aimait : « Ce poème, vous m’en faites sentir jusqu’à la page qu’on tourne ! ».
Alain Cochard
(1) 2CD Cascavelle Vel 3074
(2) A tous ceux qui souhaitent mieux connaître la personnalité et l’œuvre de Messager, on recommande la lecture d’ «André Messager », ouvrage collectif sous la direction de Benoît Duteurtre (Editions Klincksieck)
Véronique. Théâtre du Châtelet. Du 21 au 31 janvier 2007
Programme détaillé du Théâtre du Châtelet
Fortunio. Duo dijon. Les 1er et 3 février 2007.
Programme détaillé du Grand Théâtre de Dijon
Photo : DR
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