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Paris - Compte-rendu : L’art du chant français
La musique française a particulièrement brillé lors du dernier programme de l’Orchestre de Paris qui avait invité l’une des plus grandes interprètes actuelles du chant français, la mezzo américaine Susan Graham (photo). On sait où placer cette voix unique dans la hiérarchie des divas depuis qu’elle a incarné la flamboyante Didon des Troyens de Berlioz qui ont marqué l’apothéose du règne de Jean-Pierre Brossmann au Châtelet dans l’interprétation inspirée de Sir John Eliot Gardiner.
La majesté de la reine de Carthage se dessine déjà dans les six mélodies des justement fameuses Nuits d’été du jeune Hector Berlioz. C’est dire si Susan Graham était à son affaire dans ce chef-d’œuvre absolu ! Elle prend naturellement place entre ses deux vestales qui sont Dame Janet Baker et notre Régine Crespin. Elle y affiche une prononciation impeccable et une tenue stylistique digne de la seconde que l’on dit justement insurpassée. C’est que la diva américaine a ajouté l’Iphigénie en Tauride de Gluck à son répertoire : aussi bien la sophistication de son art atteint-elle ici à la perfection. La Crespin accompagnée par Ansermet parvenait à y surajouter un zeste de liberté et de naturel : question de terroir…
L’exactitude stylistique de Susan Graham s’impose encore après l’entracte dans l’envoûtant triptyque de Shéhérazade de Ravel, qui lui vaut un triomphe mérité. Conduit avec le soin de la musique de chambre par Christoph Eschenbach, l’Orchestre de Paris fait miroiter ses plus beaux timbres en un dialogue au sommet avec la soliste. On y entend passer la sortie des souterrains de Pelléas et les couleurs fauves d’un Vlaminck. Ce festival de timbres mystérieux se poursuit avec une féerique Ma mère l’Oye toujours de Ravel.
Jacques Doucelin
Salle Pleyel, 20 février 2008
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Photo : DR
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