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Paris - Compte-rendu : Maazel, un Américain à New York

Lorin Maazel

Il est à lui tout seul une bibliothèque musicale ambulante ! Les années n'ont pas de prise sur l'assurance de Lorin Maazel né à Neuilly voici 78 ans. Le maestro à la fois bougon et rieur dirige toujours par coeur, la baguette aussi précise qu'un scalpel. Il vous dissèque sans coup férir les partitions les plus difficiles et les moins académiques, d'Amériques de Varèse au Sacre du printemps d'un jeune Stravinski saisi par la transe des origines. Ce dernier concluait le premier des deux concerts qui marquaient la rentrée symphonique parisienne. On a eu l'impression que l'oeuvre faisait du surplace. Certes, il ne manquait pas un bouton de guêtre, ce qui faisait défaut justement c'était la sauvagerie de cette Russie païenne ! Cela se produit sans doute quand on connaît trop bien le parcours grâce à cette sorte de GPS que Maazel semble posséder dans son cerveau. Il n'est pire Maazel que blasé!

Avant l'entracte, il avait pourtant su faire exploser les joyeuses fusées du Concerto pour piano en fa de Gershwin avec un à propos et un sens du swing qui n'eurent d'égal que l'engagement virtuose d'un Jean-Yves Thibaudet parfait dans ce rôle de Français à New York: ce que l'Amérique a apporté de mieux à la musique du monde en surfant brillamment aux frontières du populaire et du savant. Je n'en dirai pas autant du saucisson imposé en début de soirée signé d'un inconnu qui mérite de le rester: ses Rhapsodies n'empêchent ni de dormir, ni de digérer...

C'est le second soir que le chef et l'Orchestre de New York ont donné le meilleur de leur collaboration qui a d'ailleurs pris fin au bout de six ans avec cette ultime tournée. Le maestro a retrouvé ses 30 ans, ceux du mémorable enregistrement qu'il fit en 1960 de L'Enfant et les sortilèges de son cher Ravel avec l'Orchestre National et la fine fleur du chant français, avec Ma mère l'Oye. Les New-Yorkais ont fait de leur mieux pour traduire les délicatesses du paradis de l'enfance.

Ils sont plus à l'aise dans le déchaînement expressionniste dont Maazel pare ensuite Le Mandarin merveilleux de Bartok. La dernière oeuvre au programme, la Symphonie n°4 de Tchaïkovski fera la synthèse des deux précédentes avec ses moments de tendresse et de poésie zébrés par l'irruption violente des cuivres martelant les menaces du destin ou les tourbillons populaires du finale. L'intelligence sensible: le meilleur Maazel.

Jacques Doucelin

Salle Pleyel, 8 et 9 septembre 2008.

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Photo : DR
 

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