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Paris - Compte-rendu : Felicity Lott à Orsay – Leçon de noblesse
A chaque salle son concert inaugural. Celui, confié à Dame Felicity Lott et au Quatuor Schumann, qui ouvrait à la fois la saison de l’Auditorium du Musée d’Orsay et la série « L’art de l’accompagnement vocal » restera gravé dans les mémoires comme un grand moment de chant, de complicité et de noblesse.
Parmi les voix les plus chères au public parisien, Felicity Lott bénéficiait sans doute d’un auditoire largement acquis à sa cause, mais même l’oreille la plus objective ne pouvait que rendre les armes confrontée à pareille intelligence musicale.
De l’art de diseuse, du sens du mot de la soprano britannique tout a été dit. On les a souvent goûtés dans le répertoire français ; ils faisaient cette fois merveille dans des ouvrages de Mahler et de Wagner, les Rückert Lieder, les Wesendonck Lieder et la Mort d’Isolde dont le pianiste du Trio Schumann, Christian Favre, a réalisé de belles transcriptions pour voix et quatuor avec piano. Ce n’était d’ailleurs pas là une découverte pour les mélomanes attentifs à l’actualité discographique car les mêmes interprètes ont enregistré ces arrangements (pour le label Aeon) il y a quelques mois.
On est coutumier de tessitures plus graves que celle d’une Felicity Lott dans le cycle mahlérien, mais l’interprète a eu vite fait ne nous le faire oublier par sa poésie et son sens aiguisé de la caractérisation. Rien de forcé, de feint, d’emphatique dans cet art souverain, mais une sensibilité et un naturel qui émerveillent plus encore dans la partie wagnérienne de la soirée, d’une troublante beauté. Voix avec accompagnement de quatuor ? Quintette avec voix vaut-il mieux dire pour suggérer la poésie chambriste des Wesendonck Lieder et de la Liebestod (précédée du Prélude de Tristan) que la soprano distille dans un dialogue incessant avec de fervents partenaires.
En bis, Morgen de Strauss, tout aussi inspiré, est venu remercier le public de son accueil enthousiaste. Salle archi-comble : on imagine que beaucoup d’auditeurs potentiels auront dû pour cette raison renoncer à ce récital… Tout n’est cependant pas perdu pour eux. Dame Felicity Lott est effet de retour, le 2 octobre, dans un programme entièrement français en compagnie du fidèle Graham Johnson.
Ce dernier est d’ailleurs également à l’honneur, comme certains confrères accompagnateurs, dans le cadre du cycle d’Orsay. Avec Julius Drake et Roger Vignoles, Johnson participe ainsi, le 5 octobre au Conservatoire de Paris, à une journée mêlant des masterclasses et une table ronde sur l’art l’accompagnement vocal.
Un thème que l’Auditorium d’Orsay n’a pas fini d’illustrer puisque le cycle en question court sur toute la saison jusqu’à un concert inscrit dans le cadre du Festival Agora (le 17 juin 2009). D’ici là, outre Felicity Lott, Ian Bostridge, François le Roux, Angelika Kirschlager, ou Miah Persson auront été les hôtes d’une salle à l’acoustique idéalement adaptée à la mélodie et au lied.
Alain Cochard
Auditorium du Musée d’Orsay, le 25 septembre 2008.
Programme détaillé de l’Auditorium du Musée d’Orsay
Photo : DR
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