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Paris - Compte-rendu : De la poétique des timbres
L'été et le printemps faisaient des bis l'autre soir à la Cité de la musique dans le cycle Les Saisons grâce à Emmanuel Krivine et à ses fidèles musiciens à l'ancienne de la Chambre Philharmonique dans un programme Berlioz/Schumann, deux musiciens écrivains incarnation du romantisme européen. C'est d'abord la passion et l'ironie de la jeunesse avec l'ouverture de Béatrice et Bénédict suivie des Nuits d'été du même Berlioz chantées par une merveilleuse musicienne, la mezzo Karine Deshayes (photo). Malheureusement, l'acoustique particulièrement sèche de cet auditorium est l'ennemi juré de la voix – parlée ou chantée. Prononciation et prosodie y volent en éclat.
Heureusement, sa clarté flatte les timbres. Et d'abord celui de la soliste qui dialogue avec tout l'orchestre dans une fusion rare. Là, on est admiratif du travail de chambriste accompli par le chef qui déroule un somptueux tapis sous les notes de la chanteuse : jamais on n’avait à ce point savouré la subtilité de l'harmonie qui sous-tend l'accompagnement des mélodies. C'est un chatoiement de couleurs chaudes où l'on remarque dans le quarteron de cornistes le timbre du jeune David Guerrier qui apprivoise brillamment le cor naturel.
La Première Symphonie de Schumann est elle aussi un concentré de poésie. C'est une promenade à travers la forêt mystique de l'âme germanique, celle qui part de Weber pour culminer avec Wagner. Ici, tout n'est encore que joie et chants d'oiseaux : les dragons ne se sont point encore réveillés. Krivine est le guide inspiré de cette promenade à travers bois.
Jacques Doucelin
Auditorium de la Cité de la musique, 9 octobre 2008
Programme détaillé de la Cité de la musique
Photo : DR
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