Thème incontournable de l’année 2008 pour les programmateurs, le centenaire de la naissance d’Olivier Messiaen aura été célébré avec plus où moins d’originalité selon les lieux. De ce point de vue, la contribution du Conservatoire National de Lyon à l’anniversaire mérite l’attention car elle fait d’une pierre deux coups. Outre l’auteur de la Turangalîla, elle met en effet en lumière l’un de ses anciens élèves précocement disparu : Jean-Louis Florentz (1947-2004).

Compositeur mais aussi ethnomusicologue (il enseigna cette discipline au CNSMD de Lyon), ce dernier a nourri ses créations des découvertes faites au cours de ses nombreux voyages. « Sens profond de la nature. Aspiration vers l’infini. Esprit voué à la contemplation et, parallèlement, orienté vers les sciences. Pensée et oreille attentives aux rites de civilisations lointaines. Influence des musiques extra-européennes. Echos du monde des insectes, comme de celui des oiseaux et de toute une vie animale secrète et frémissante – tout ceci associé à la liturgie. Par-dessus tout, spiritualité profonde » : ainsi Henri Dutilleux a-t-il caractérisé le langage de Jean-Louis Florentz. Autant dire qu’il trouve naturellement sa place aux côtés du musicien ornithologue, passionné de rythmes grecs et hindous, qu’était l’auteur des Oiseaux exotiques.

Entamé il y a une dizaine de jours, le cycle « Messiaen/Florentz, partage d’exotisme » réserve encore de beaux rendez-vous. Après un récital des élèves de la classe d’orgue du CNSMD de Lyon sur l’instrument de l’église Saint-Pothin (27/11), on retrouve Olivier Latry en ce même lieu (le 2/12) dans des ouvrages de Messiaen. Le mot de la fin revient à l’Orchestre du Conservatoire mené par l’enthousiaste Peter Csaba (les 4 et 5 déc., salle Varèse). Les Oiseaux exotiques (avec la pianiste Sayako Hoki, une élève de Géry Moutier), le poème symphonique Qsar Ghilâne, op 18 de Florentz(1) et les Nuits d’été de Berlioz (par des solistes de la classe de chant) composent le programme conclusif d’un double hommage intelligemment conçu.

Alain Cochard

(1) Un ouvrage tardif (2003), sous-titré « Le palais des djinns », qui reprend le nom d’une oasis saharienne au sud de la Tunisie et dont on trouve un enregistrement dans un beau CD Florentz réalisé par l’Ensemble Orchestral de Paris sous la direction de John Nelson (Accord 476 7495)

« Florentz/Messiaen, partage d’exotisme ». CNSMD de Lyon/ Jusqu’au 5 décembre 2008

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Photo : DR