Journal
Paris - Compte-rendu - Le piano miraculeux de Kun-Woo Paik
Programme exigeant et marathonien que celui proposé par l’Orchestre de Paris avec le divertimento extrait du Baiser de la fée, Jeu de cartes de Stravinsky, et Jeux de Debussy si complexe et si moderne aujourd’hui encore. La concentration, la précision du jeune chef israélien Ilan Volkov (l’actuel directeur musical du BBC Scottish Symphony Orchestra) ne suffisent pas toujours à dissimuler quelques baisses de tension (surtout visibles dans les volutes en apesanteur de Jeux qui conclut le concert), malgré la virtuosité et la qualité de timbre de la petite harmonie sans cesse mise à contribution tout au long d’une pièce à forte connotation chorégraphique.
Pourtant, l’événement se situe ailleurs : dans l’exécution d’une tenue exemplaire du Concerto n°2 en sol mineur, op 16 de Prokofiev où le pianiste coréen Kun-Woo Paik, hélas peu présent sur nos scènes hexagonales, manifeste une souplesse, un engagement dans ce combat contrôlé mais titanesque avec l’instrument (en particulier dans la redoutable cadence du premier mouvement), avec un sens du dosage, un contrôle des élans, une poésie et un lyrisme où le styliste l’emporte sur le virtuose le plus aguerri. Le chef sait se faire accompagnateur dans cette partition en quatre mouvements où le soliste tient continûment le haut du pavé et imprime sa marque. Un miracle que cette interprétation. Kun-Woo Paik prouve, même à ceux qui ne veulent pas l’entendre, qu’il est un pianiste exceptionnel dont l’art se place, sans coup férir, dans la tradition la plus haute des légendes du clavier.
Michel Le Naour
Paris, Salle Pleyel, 7 janvier 2009
Programme détaillé de la Salle Pleyel
> Documentaire consacré aux Sonates de Beethoven par K. W. Paik en vidéo
Photo : DR
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