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Compte-rendu - Le Jardin des Délices de Blanca Li - Les méfaits de la gourmandise
Lorsqu’on est déçu par un spectacle signé d’une grande pointure, il est d’usage de dresser d’abord le panégyrique de l’artiste. Soit, rendons à la chorégraphe ce qui lui revient : un beau personnage que Blanca Li, de cette trempe et de cette vitalité que l’Espagne excelle à enfanter ; des yeux comme des éclairs, une allure de Carmen rieuse, de l’humour et de l’imagination à revendre. Et une liberté de ton tout à fait dans la mouvance Almodovar. Avec sa petite compagnie, fondée en France en 1993, elle a volé de succès en succès, accrochant le public par l’originalité et la force de sa démarche de créatrice polyvalente, ainsi pour Le Songe du Minotaure en 2002.
Mais avec ce Jardin des Délices qu’elle vient de créer à Montpellier et qu’elle va ensuite promener sur les routes, elle montre ses limites. Le chef d’œuvre de Jérôme Bosch, conservé au Musée du Prado, porte la marque d’une imagination délirante et poétique à la fois. Et la plus belle partie du spectacle de Li, ce qui n’est pas négligeable, consiste, grâce à des vidéastes de très grand talent, à rendre mobile cette folle fresque, avec ses animaux fantastiques qui ondulent doucement comme en un rêve inquiétant.
Puis arrivent les amuseurs, car c’est bien ainsi que se comporte la troupe, et là, tous les poncifs modernes d’une plongée dans une humanité disloquée, vont s’accumuler, soit en prolongement direct des figures du tableau, et c’est le moins mauvais, soit sur fond de cabaret avec travestis, micros, portables, pépées surexcitées, mecs avantageux et vains. Des plumes, du lamé, du rose bonbon, du bruit, des acrobaties.
De tout ce défilé ringard qui frise l’amateurisme, on retiendra que l’emprunt au hip hop nécessite de vrais spécialistes, car c’est une magnifique discipline, et que l’acrobatie permettant la projection et la combinaison des corps hors de leurs normes atteint chez les Pilobolus à des figures inouïes de pieuvres ou de centaures qui ne sont ici qu’effleurées. Quant à la fustigation des mœurs de la société de consommation, elle est menée chez Pina Bausch avec une toute autre force dramatique ou satyrique. Avec un peu de tout, on n’a pas toujours beaucoup. Tant d’efforts pour sonner comme une fête du lycée. Bizarre.
Jacqueline Thuilleux
« Le Jardin des Théâtre des Champs-Élysées, le 26 juin 2009, dernières représentations les 29 et 30 juin.
Le spectacle sera repris au Festival Synodales de Sens le 3, au Festival des 2 Cités de Carcassonne, le 11 et aux Estivales de Perpignan le 13 juillet 2009
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Photo : DR
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