Journal
Opernfestspiele 2009 - Munich la belle
Ville inondée de parcs et de jardins, sereine, sensuelle, Munich abrite une des plus exceptionnelles maisons d ‘opéra d’Allemagne. Gamin, nous y avons usé nos fonds de culottes pour assister à des théories de représentations qui ne nous ont pas quittées depuis : les Rosenkavalier de Kleiber, cette Clemenza di Tito où Fassbaender donnait la réplique à Varady, des Cosi fulgurants, et même une Dame de Pique où la Lisa de Varady côtoyait le Hermann halluciné d’Atlantov. On n’avait pas conscience alors d’assister à un âge d’or.
Depuis ces années soixante-dix, la Bayerische Staatsoper a su maintenir le niveau, regroupant une troupe de fidèles que permet sa très active politique de répertoire, et évitant plus qu’en d’autres maisons les scories du Regietheater, omniprésente ailleurs en Allemagne (ce qui ne l’a pas soustrait cependant à l’Onéguine de Warlikowski, aussi irritant que passionnant ceci dit.).
Chaque été, loin de faire relâche comme la plupart de ses consœurs, elle déploie durant tout le mois de juillet un flamboyant Festival d’opéra, reprenant les meilleures productions des dernières saisons : pas moins de seize spectacles ! Si vous séjournez dans la capitale bavaroise le week-end prochain, ne manquez pas une trilogie exceptionnelle.
Le 9 juillet, la régie naturaliste et poétique de Barbara Fey éclaire toute la dramaturgie de Jenufa ; Janacek aura rarement été aussi bien compris, et la distribution affiche rien moins que Polaski et Dernesch dans les aïeules, avec Westbroek dans le rôle-titre et le formidable Stewa de Brandon Jovanovich, sous la baguette âpre de Kirill Petrenko - en saison la production sera reprise les 11, 14, 17, 22 et 24 octobre).
Le 10 juillet, le Théâtre National retrouve ce Palestrina de Pfitzner que Munich défendit toujours, chef-d’œuvre sévère mais passionnant que la France continue à ignorer avec application, allant de la sphère intime (la condition du créateur) à la grand scène historique (le concile de Trente sert de background à tout l’ouvrage et le deuxième acte décrit une querelle esthétique qui se termine dans le sang). Après Patzak, Wunderlich ou Gedda, Christopher Ventris relèvera le défit d’un rôle éreintant, brillamment entouré et porté par l’exemplaire régie de Christian Stucki (en saison, le spectacle se verra les 4, 11, 15 et 18 avril, mais avec le Palestrina de Charles Workman).
Et le 13, le Théâtre National fête sa diva, Edita Gruberova, qui se prendra pour Norma. Qui peut encore y croire ? Il vaudra mieux être le même jour à la même heure (19h) au Prinzregententheater pour l’Ariadne auf Naxos de Richard Strauss selon Robert Carsen : l’Ariane de Pieczonka, mais surtout la Zerbinette de Diana Damrau et le Compositeur de Daniela Sindram (on a encore dans l’œil son fabuleux Octavian de la Bastille), tout cela promet. Le spectacle se redonne les 16 et 20 juillet et sera repris en saison les 19, 22, 24 et 27 septembre, avec cette fois la très attendue Ariadne d’Anja Kampe.
A ne pas manquer d’ici la fin du mois le Macbeth de Verdi signé Martin Kusej (avec la Lady de Najda Michael !) les 21 et 24, un Idomeneo très bien distribué (Ainsley, Breslik, Banse, Dasch) les 23, 26 et 30 juillet (au Théâtre Cuivilliés), et Falstaff avec le détenteur absolu du rôle titre aujourd’hui, Ambrogio Maestri, irrésistible et si juste psychologiquement (les 28 et 31 juillet au Théâtre National).
Mais vous pourrez aussi voir Luisa Miller, Otello, Nabucco ou Wozzeck d’ici à la fin du mois.
Jean-Charles Hoffelé
Festival d’opéra de Munich
Jusqu’au 31 juillet 2009
Tel : 49 (0) 89-2185 1920
Infos sur : www.bayerische.staatsoper.
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Photo : DR
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