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Compte-rendu - Un travail d’orfèvre - Bernard Haitink dirige le Chicago Symphony à Pleyel
Les deux programmes que Bernard Haitink propose Salle Pleyel aux commandes de l’Orchestre Symphonique de Chicago, dont il est le chef principal depuis 2006, ne cherchent pas à susciter la surprise et à épater le bourgeois. On sait depuis plus de cinquante ans que le chef néerlandais a acquis une réputation d’« honnête homme » faite de noblesse, de respect, d’élégance dans les répertoires qu’il aborde avec une réussite exemplaire.
Le premier concert où se succèdent la Symphonique « Jupiter » de Mozart et la 1re Symphonie de Brahms est un excellent révélateur de son art châtié où le sens de la mesure et de l’équilibre l’emportent sur les effets de la passion. La « Jupiter » ne manque pas de grandeur avec un dosage des nuances qui peut paraître trop maîtrisé et d’une perfection un peu froide. Toute aussi construite, la Symphonie de Brahms est en revanche un exemple d’intégration des différents paramètres où le contrôle de la forme n’interdit pas un travail en profondeur sur le modelé, le galbe (à l’image des interventions de la flûte solo, celle du français Mathieu Dufour), les couleurs claires. Haitink réussit à instiller fluidité et souplesse au sein du discours brahmsien, reliant chaque séquence d’un geste large et assuré. A coup sûr, une interprétation très aboutie de cette œuvre si difficile à tenir de bout en bout.
Le lendemain, les mêmes caractéristiques s’appliquent à la londonienne Symphonie n°101 « L’Horloge » de Haydn, prise très au sérieux telle une symphonie beethovénienne mais qui remplit l’espace avec une sûreté de ton et la volonté de ne pas s’appesantir (le fameux Andante qui donne son nom à la partition bénéficie d’un tempo allant). La 7e Symphonie de Bruckner a toujours été l’un des chevaux de bataille de Haitink dès ses premières années à la tête du Concertgebouw. Il ne faut pas attendre une exécution métaphysique : le classicisme, le mariage des timbres (l’intervention des cuivres de Chicago, à l’unisson, est à cet égard un moment d’anthologie aussi bien dans l’Adagio que dans le final), la conduite du discours jusqu’à la péroraison conclusive, réalisent une synthèse entre la lettre et l’esprit. D’aucuns peuvent élever une cathédrale sonore (Furtwängler, Celibidache, Jochum), mais Haitink hausse la Symphonie en mi majeur à la force du poignet sur des hauteurs mesurées qui déclenchent l’enthousiasme.
Michel Le Naour
Paris, Salle Pleyel – 20 et 21 septembre 2009
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Photo : Fred Toulet / Salle Pleyel
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