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Compte-rendu : Un piano chez les elfes - Marie-Catherine Girod célèbre Mendelssohn
D’une pierre deux coups : à l’occasion de la parution d’un coffret regroupant les huit CD de son intégrale de l’œuvre pour piano de Mendelssohn(1), Marie-Catherine Girod interprétait un récital en hommage à l’auteur des Lieder ohne Wörte pour le bicentenaire de sa naissance. Comme cela a été si souvent été le cas depuis le début de son parcours, les amoureux de piano ne peuvent que témoigner leur gratitude à une magnifique artiste qui a une fois de plus su mettre son art au service d’œuvres trop négligées, quand ce n’est totalement inconnues.
A ceux qui n’avaient pas encore goûté à ses enregistrements mendelssohniens, le récital de l’artiste à l’Hôtel National des Invalides aura donné l’envie de se plonger dans une intégrale, fruit de cinq ans de travail, qui s’impose comme une référence désormais. L’univers du piano romantique ne se résume pas à Chopin, Liszt et Schumann et, même si l’écriture de Mendelssohn apparaît moins révolutionnaire que celle des trois auteurs précités, elle n’en dévoile pas moins de merveilleux horizons poétiques qu’il n’est pas donné à tous les interprètes de pénétrer.
Parfaits dans Weber et dans les œuvres pétries de style brillant du jeune Chopin, la virtuosité ailée et le toucher richement timbré de Marie-Catherine Girod s’accommodent idéalement de la poésie d’elfe du compositeur allemand. De la Pièce caractéristique op 7 n°1 qui l’ouvre aux Variations sérieuses que le referment, le programme, outre qu’il englobe tout le parcours du compositeur, s’impose d’abord comme un modèle d’intelligence dans l’agencement (que l’on pourrait donner en exemple à bien des pianistes qui accumulent les œuvres sans grand souci d’équilibre et de cohérence).
Atout décisif qui aide M.C. Girod à mieux sonder les caractères des diverses pages explorées, dans un bouquet de six Romances sans paroles, d’une poésie entêtante et d’un naturel désarmant, comme dans des pages virtuoses telles que le Rondo capriccioso op 14, le Scherzo a capriccio op 5, la Fantaisie op 28 ou les trois Etudes op 104 où le brio rime toujours avec respiration, souplesse et, surtout, lyrisme ; ce qui prévient le côté bavard que l’écriture peut prendre sous des doigts peu inspirés. Une authentique poète du clavier est à l’œuvre… En conclusion les Variations sérieuses se rappellent, avec une ardeur et une densité peu ordinaires, au bon souvenir de ceux qui voudraient les oublier sur le chemin qui mène des Diabelli aux grands cycles brahmsiens. Superbe soirée de piano et de musique !
Alain Cochard
Paris, Hôtel National des Invalides, Grand Salon du Musée de l’Armée, le 16 octobre 2009
(1) Saphir LVC 001089 – www.saphirproductions.net
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Photo : DR
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