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Compte-rendu - Drame intériorisé - Franz Welser-Möst et l’Orchestre de Cleveland
En passe d’accéder à la direction musicale de la Staatsoper de Vienne, l’Aurichien Franz Welser-Möst a donné à la tête l’Orchestre de Cleveland - peut-être la meilleure phalange américaine - dont il est le directeur musical depuis 2002 un programme plutôt composite.
Après une mise en bouche avec Fêtes de Debussy, l’exécution de la Symphonie n°85 « La Reine » de Haydn, précise et souple à la fois, atteste du niveau atteint par des musiciens qui ont gardé de l’époque de George Szell cette flexibilité, cette plasticité, voire cette ductilité si appréciées d’un Pierre Boulez. Légèrement distanciée mais non dénuée d’humour (Trio du Menuetto), la vision de la partition témoigne d’une perfection à couper le souffle.
La Symphonie n°5 de Chostakovitch, faux repentir d’un compositeur condamné en 1936 au nom du réalisme soviétique, ne laisse aucun moment de répit. Le drame est intériorisé et l’œuvre prend, d’un coup, une dimension moins spectaculaire, bien que la tension s’exprime continûment. Chaque instrumentiste exerce un contrôle absolu du son (les interventions du violon solo s’avèrent d’une finesse exemplaire, au même titre que celles de la petite harmonie, et les cuivres offrent une rondeur sans agressivité). On est loin de ces conceptions plus physiques et impitoyables que des interprètes, impliqués dans cette période douloureuse, ont su rendre dans leur chair. Toutefois, l’émotion qui sourd à chaque instant suscite le silence du public. Madame Chostakovitch, présente dans la salle, par ses applaudissements, se fait l’écho du sentiment général.
Michel Le Naour
Paris, Théâtre des Champs-Elysées, le 25 octobre 2009
Programme du Théâtre des Champs-Elysées
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Photo : DR
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