Née brésilienne, la jeune pianiste Juliana Steinbach a fait ses études en France où elle a obtenu de nombreux prix tant au Conservatoire de Paris (dans la classe de Jacques Rouvier) que dans les Concours internationaux (dont le prix de la Fondation Alfred Reinhold qui lui a valu l’acquisition d’un piano à queue Blüthner). C’est précisément dans le cadre de la saison musicale Blüthner qu’elle se produit au Théâtre de l’Athénée dans un programme très exigeant. Dès la Sonate « Waldstein » de Beethoven, la maîtrise, la cohérence du discours laissent entendre une conception très affirmée, assumée avec un bel engagement et une absence de concessions. La tension et l’énergie sont portées par un piano bien timbré qui allie sens de la pulsation et lyrisme contrôlé.

La Sonate de Bartók ne semble pas avoir de secrets pour cette artiste qui réussit à imposer une interprétation drue et précise à la rythmique rigoureuse et tendue. En seconde partie, le lied de Schubert Der Doppelgänger transcrit par Liszt parvient à une intensité hallucinée, mais la Sonate en si mineur du compositeur hongrois mériterait toutefois, malgré une réelle prise de risques et des doigts d’une agilité exemplaire, une réflexion plus approfondie sur la logique dramatique. Toutefois, les contrastes sont déjà bien dessinés et la démarche ne demande qu’à être affinée. Il y a incontestablement chez Juliana Steinbach beaucoup de talent et sa personnalité s’avère riche de potentialités.

Michel Le Naour

Paris, Athénée Théâtre Louis-Jouvet, 14 décembre 2009

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Photo : DR