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Compte-rendu : Rossini côté farce - La Cenerentola au Théâtre des Champs-Elysées
Même écueil que lors des premières séries de représentations : Irina Brooks s’acharne à faire de La Cenerentola une farce. Hors l’excès de buffo tue non seulement les arrière-plans historico-féériques du conte, sans souligner qu’il refuse à Rossini le caractère d’opéra romantique dont il avait revêtu son ouvrage, mais massacre la comédie elle même dans toutes ses fines digressions (Rossini indique « Dramma giocoso ») : voyez le philosophe (un peu mage aussi) Alidoro réduit à l’état de gagmen. C’est assez dire. Mais si l’on ne souffre pas de cette réduction, le spectacle se regarde sans ennui.
Si l’on ajoute en fosse un Concerto Köln terne et rêche (et raide surtout, la direction au cordeau de Michael Güttler n’arrange rien), mais qui pose la vraie question d’une interprétation philologique de l’orchestre rossinien, si l’on vous confesse qu’en plus entre le ténor sans subtilité d’Antonio Siragusa, et le contraltino dans les joues de Vivica Genaux nos oreilles souffrent vous pourriez croire que tout ici veut être fuit.
Mais non, car on tient là un certain gratin du chant rossinien virtuose, qui sacrifie la beauté des timbres à l’agilité des vocalises ou aux notes d’éclat (spécialités de Siragusa, qui les « vulgarisent » autant par l’émission que par leur nombre), et Irina Brooks, visiblement enchantée par le côté showman de son couple vedette, fait exulter son théâtre de patronage jusqu’à une certaine ébriété. Fête il y a, certes, même au détriment de l’œuvre.
Et pour le Dandini simplement épatant de Stéphane Degout, pour le chant magnifique d’Ildebrando D’Archangelo, Alidoro d’anthologie, pour le Don Magnifico plein de caractère de Pietro Spagnoli, on ne boudera par un certain plaisir, comme pris en fraude.
Ah, et si Irina Brooks permettait à ce dernier de dire la blague sur Berlusconi et le Pape qu’il nous promet avant de quitter le rideau, on serait heureux, autant qu’à voir ses fins portraits photographiques (magnifique Paolo Fanale, Nathalie Sergent saisie comme une figure allégorique de Crivelli) que le théâtre expose et qui sont réunis dans une jolie plaquette.
Jean-Charles Hoffelé
Gioachino Rossini : La Cenerentola - Paris, Théâtre des Champs-Elysées, le 30 janvier, puis les 1et, 3 et 5 février 2010
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Photo : DR
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