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Compte-rendu : Un instant d’humanité - Graf Mourja et Evgheny Brakhman en duo
La saison musicale du Théâtre de la Ville offre souvent des moments privilégiés à l’image du concert du violoniste ukrainien d’origine hongroise Graf Mourja et du pianiste russe Evgheny Brakhman. Programme en apparence éclectique mais parfaitement assumé par des interprètes en parfaite osmose aussi bien dans Brahms et Ravel que dans Gershwin revu par Heifetz ou Bartók. Graf Mourja est un habitué du lieu depuis le 3e Prix qu’il obtint au Concours Long-Thibaud en 1996.
Sonorité chaleureuse, archet léger comme une plume, engagement généreux, caractérisent ce soliste dont l’humanité transparaît dans la Sonate n°2 « Thun » de Brahms et la fantaisie expressive dans la Sonate de Ravel. La poésie jaillit à travers une interprétation sensuelle de la transcription par Heifetz de trois extraits de Porgy and Bess (en particulier Summertime). La redoutable Sonate n°2 de Bartók aux deux mouvements si contrastés et si étranges oscille comme en apesanteur entre méditation et virtuosité. Souplesse d’intonation et vigueur rythmique distinguent aussi les Danses roumaines données en bis. La pugnacité, la somptuosité sonore, la saveur tzigane dont les deux musiciens font preuve et la communion qu’ils établissent contribuent à un intense partage avec l’auditoire.
Michel Le Naour
Paris, Théâtre de la Ville, 6 février 2010
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Photo : DR
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