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Compte-rendu : Quand Maazel est là - La Philharmonie de Vienne au TCE
Public des grands soirs au Théâtre des Champs-Elysées pour entendre la Philharmonie de Vienne sous la direction de Lorin Maazel qui bénéficie toujours de la même affection de la part des mélomanes parisiens. A 80 ans (le 6 mars il fêtera son anniversaire), le chef américain (né à Neuilly-sur-Seine) n’a rien perdu de sa superbe et surtout d’une technique unanimement reconnue. La « Pastorale » de Beethoven et Le Sacre du Printemps de Stravinski appartiennent depuis si longtemps à son répertoire que sa mémoire infaillible n’a aucune peine, comme à l’accoutumée, à se passer de partition ! Les musiciens du Wiener Philharmoniker entretiennent aussi avec lui une relation forgée au fil du temps, ne serait-ce que lors des concerts du Nouvel An qu’il a souvent dirigés.
Sa conception de la « Pastorale » perd en spontanéité ce qu’elle gagne en sérénité et en hauteur de vue. Ce long fleuve tranquille n’est troublé que par l’irruption d’un orage, d’ailleurs impressionnant sous les coups du timbalier. La générosité des tempi, la maîtrise du legato, encouragent les Viennois à distiller une pâte sonore d’une somptuosité telle que Beethoven parfois disparaît sous une lecture ample qui met bien en valeur l’horizontalité du discours tout en se permettant quelques coquetteries, voire des ralentis quasi cinématographiques (le final s’achève dans un climat panthéiste digne d’un choral brucknérien). Pourtant, quels timbres que ceux de la petite harmonie lors des échanges entre flûte, clarinette, hautbois, basson, au cours de l’Andante molto mosso !
Avec le Sacre du Printemps, la charge parfois hollywoodienne et la tendance à morceler les différentes séquences n’empêchent pas une réalisation rythmiquement implacable et de couleur fauve. Volontiers bousculé, l’orchestre laisse entrevoir ici ou là de légers décalages et le son n’est pas toujours aussi soigné qu’on l’attendrait. Toutefois, la baguette précise et déterminée du maestro remet les choses en place dans cette vision qui avance sans cesse et ne souffre ni tiédeur, ni indifférence. En revanche, on se serait bien passé des deux bis (les 5ème et 1ère Danses hongroises de Brahms) où Maazel se complaît dans les contrastes tziganes les plus accusés. L’expression sans doute d’un second degré où la fête populaire débridée l’emporte sur le chic.
Michel Le Naour
Paris, Théâtre des Champs-Elysées, 1er mars 2010
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Photo : DR
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