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Compte-rendu : Efficace - Don Pasquale à Toulon
Le bel canto n'a jamais fait peur à Toulon dont la programmation a toujours privilégié le répertoire italien, en invitant régulièrement l'une de ses ambassadrices, Ewa Podles rossinienne émérite (Semiramide en 2002 et Tancredi en 2004), injustement négligée dans le reste de l'Hexagone. Quatre ans après L'elisir d'amore monté par Davide Livermore, Donizetti revient à l'affiche avec un efficace Don Pasquale, confié au chef Giuliano Carella et au metteur en scène Jean-Philippe Delavault. Pas de surprise sur le plateau, mais un spectacle mené dans la plus pure tradition buffa, soigné dans sa facture (avec d'élégants décors changés à l'envi et joliment éclairés) et dans sa direction d'acteurs, simplissime, mais parfaitement expressive. Jean-Philippe Delavault qui a fait ses classes auprès de Pizzi, Carsen et Serban, mais connaît également les contraintes de productions formatées pour certains parcs d'attraction..., a le sens du rythme et du détail accrocheur, sa faculté d'appeler un chat un chat lui garantissant la complicité du public.
Dans la fosse, le maestro Carella s'empare avec son habituelle maîtrise de cette délicieuse partition, avec la légèreté de touche et la précision du trait qui correspondent à cette musique à la fluidité virtuose et au charme émoustillant. Préservé, du moins pour le moment, des tics souvent regrettables auxquels ont recours tant de basses vieillissantes, Carlo Lepore évite la caricature en composant un Don Pasquale crédible jusque dans ses accès de candeur et chanté sans outrance, d'une voix ferme et loquace. On apprécie également l'honorable prestation de Guido Loconsolo, Malatesta drôle et distingué dans toutes les situations, l'Ernesto de Francesco Marsiglia, pourtant doté d'un timbre agréable, ne parvenant pas à libérer son émission, contrainte et sa vocalisation timorée, notamment dans son second air "Cerchero lontana terra" abordé sans soutien et privé d'aigu.
La soprano italienne Daniela Bruera est plutôt pétillante, mais sa Norina à la ligne scabreuse et aux aigus systématiquement tirés, manque de grâce et de volubilité, des qualités que Patrizia Ciofi - elle aussi une Gilda, une Violetta, une Adina et une Sophie, mais d'un tout autre niveau - peut se targuer de posséder toujours, comme le confirmait en 2007 son irrésistible prestation genevoise adroitement captée par les caméras de Don Kent.
François Leseur
Donizetti : Don Pasquale – Toulon, Opéra, 23 avril 2010
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Photo : DR
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