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Compte-rendu : Les Zemlinsky confirmés, les Zaïde révélés - 6ème Concours de Quatuor à cordes de Bordeaux
Neuf quatuors étaient en lice à Bordeaux pour les épreuves du sixième Concours international de Quatuor à cordes dont le violoncelliste Alain Meunier assure la direction artistique depuis l’origine. En finale, quatre d’entre eux avaient réussi à passer le cap. Le triomphe sans coup férir du Quatuor Zemlinsky (photo) dont la notoriété est déjà établie n’a pas été une surprise en dépit de l’enjeu que représentait le fait de se produire face à d’autres brillants concurrents. Constitués à Prague en 1994 (et dans sa formation présente depuis 1999), les Zemlinsky mènent une carrière qui s’est déjà soldée par des récompenses à Londres, Banff ou Genève, ainsi que par la publication d’enregistrements consacrés à Schubert ou Zemlinsky (Praga Digital). Leur prestation tout au long des épreuves et en particulier lors de la finale n’a laissé planer aucun doute : l’Adagio et Fugue de Mozart est totalement maîtrisé et le Quatuor n°12 op 127 de Beethoven construit, d’une densité de son remarquable. On éprouve même le sentiment d’assister plus à un concert abouti qu’à une épreuve de concours !
Le jury, présidé par l’ancien Premier violon du Quatuor Lindsay, Peter Cropper, avec la participation, entre autres, des membres du Quatuor Prazak, de la violoniste Sylvie Gazeau et de la chef d’orchestre Claire Gibault, a décerné le Second Prix au Quatuor Raphaël formé en 2009, actuellement en résidence à la Fondation Singer-Polignac et qui se présentait pour la première fois à un concours international. Malgré les qualités individuelles de musiciens susceptibles d’être solistes (le violoniste Pierre Fouchenneret, l’altiste Arnaud Thorette…) et une certaine perfection de jeu, on ressent une difficulté encore à entretenir cette conversation musicale qui est la base de l’interprétation en quatuor. Impression qui se confirme lors de l’exécution solide, sans pulsation ni véritable engagement, du Quatuor op 127 de Beethoven.
Prix à l’unanimité du Jury de la Presse, le tout jeune Quatuor Zaïde, une formation féminine issue du Conservatoire de Paris et réunie depuis six mois seulement, manifeste en revanche une vitalité, une musicalité, une sensualité (Quartettsatz de Schubert) et une aisance naturelle confondantes (Adagio et Fugue de Mozart, Quatuor n°14 op 131 de Beethoven). Une formation qui ne demande qu’à évoluer et qui se place déjà parmi les quatuors dont on est en droit d’attendre beaucoup.
Plus inégal, le Quatuor Galatea (Suisse) pèche par manque d’homogénéité – en particulier celle du Premier violon Yuka Tsuboi à la sonorité un peu frêle – mais surprend toutefois par sa capacité à architecturer le discours fragmenté de l’Opus 131 de Beethoven. Il reçoit le Prix de la Culture et de la Communication. Absent des épreuves finales, le Quatuor Cecilia (Canada) décoche le Prix de la Sacem pour sa lecture du subtil et lyrique Quatuor n°3 de Gilbert Amy (partition imposée en création mondiale). Le haut niveau de cette compétition n’échappe pas à un public concentré et attentif, venu nombreux au Grand Théâtre de Bordeaux, écrin de rêve pour ce concours de musique de chambre à la notoriété établie.
Michel Le Naour
Bordeaux, Grand Théâtre, les 15 et 16 mai 2010
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Photo : DR
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