Il y a comme une parabole christique dans cet Etranger dont chaque « air » est inspiré des Ecritures. Le livret que Vincent d’Indy (1851-1931) tint à rédiger lui-même (d’ailleurs tout comme pour Fervaal) s’inspire largement de celui du Vaisseau fantôme.

Un étranger, pêcheur de son état, vit en marge d’une petite communauté du nord de la France. Il est craint, on lui prête des pouvoirs occultes. Il confie d’ailleurs à Vita, une jeune fille qui s’est éprise de lui, un anneau qui a le pouvoir de calmer les tempêtes marines. Mais Vita dans un accès d’indépendance, le jette à la mer. Elle mourra pourtant en suivant l’étranger lorsque celui ci sera le seul parmi les habitants du village à se porter au secours d’un navire prêt de s’échouer.
La force elliptique du sujet fascine, l’orchestre très wagnérisé de d’Indy, âpre, souvent, modal, est aussi l’un des rares exemples, avec celui de Pelléas, du symbolisme à l’opéra.

Etrange justement, le Festival de Montpellier annonce sur son site l’ouvrage en création, on suppose montpelliéraine, car s’il a vu en effet le jour comme tant d’autres opéras français du début du XXe siècle à la Monnaie de Bruxelles, le Palais Garnier lui ouvrit sa scène l’année même de sa création (1903), et reprit l’ouvrage jusqu’au début des années cinquante : Vita eut de la chance : Bréval, Lubin et même Crespin pour les ultimes reprises.

Mais on pardonnera cette annonce un peu rapide, car Lawrence Foster dirige à Montpellier une distribution des plus prometteuses : Tézier dans le rôle-titre, Cassandre Berthon en Vita, Marius Brenciu pour André, voici peut-être enfin la vraie nouvelle chance que les opéras de d’Indy attendaient. Un enregistrement suivra probablement, lui en première mondiale, et espérons que la prochaine édition nous fera redécouvrir Fervaal.

Jean-Charles Hoffelé

Vincent d’Indy : L’Etranger
Festival de Radio France et de Montpellier
26 juillet 2010

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