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Compte-rendu : Eblouissante rencontre – 15e Festival Musicalta de Rouffach
Plus que tout autre genre, la musique de chambre fait partie de l’ADN du Festival de Rouffach et c’est très légitimement que celle-ci occupait la totalité de la journée d’ouverture de la 15e édition de la manifestation lorraine (menée depuis sa création par Francis Duroy). Ouverture en beauté avec une soirée confiée au Fine Arts Quartet ! Née en 1946, la formation américaine en est aujourd’hui à sa deuxième génération de membres mais demeure fidèle à une réputation fondée sur une complicité exemplaire et un raffinement sonore peu commun.
Quatuor op 77 n°1 Hob.III/81 de Haydn : une vieille connaissance à l’évidence pour des instrumentistes qui retrouvent l’ouvrage avec bonheur et impatience, comme on le ferait avec un vieil et cher ami.
Vitalité, alacrité, lyrisme, tendresse : toutes les facettes de l’art d’un Haydn parvenu presque au terme de sa production de quatuors resplendissent et la fermeté de trait – sans rien de sec ou d’excessivement tendu – avec laquelle l’étonnant Menuetto est mené force l’admiration. La seule réserve va à une acoustique d’église qui ne permet pas toujours de savourer la précision de l’exécution aussi pleinement qu’on le souhaiterait.
Elle joue en revanche complètement en faveur de Compagny de Phil Glass où la simplicité et la merveilleuse fluidité des interprètes produit un résultat très hypnotique, d’une envoûtante poésie.
La vie d’un festival est faite d’imprévus et l’annulation de Frédéric Aguessy a conduit les organisateurs à le remplacer par Jean-Frédéric Neuburger dans le Quintette op 44 de Schumann. Première rencontre du Fine Arts Quartet et du jeune pianiste, une seule répétition trois heures avant le concert : on a du mal à croire que les choses se sont ainsi déroulées après avoir savouré une interprétation dénuée du moindre flottement, construite, solidement appuyée sur le jeu d’un pianiste à l’écoute, toujours engagé mais jamais envahissant. Chapeau ! Et mention particulière pour le In modo d’una marcia où cinq musiciens ne faisant qu’un renoncent à tout pathos au profit d’une dimension fantastique affirmée (magnifique Agitato !). Eblouissante rencontre que ce Schumann - et sacrée leçon de musique de chambre !
La journée se termine en beauté mais, déjà, le prélude de l’après-midi a fait le bonheur des mélomanes présents. Dans le cadre de la série de concerts Spedidam que propose Musicalta, on a en effet pu apprécier la sonorité charnue et le style très sûr de la violoniste Charlotte Julliard, accompagnée par le piano complice d’Emmanuel Christien : leur Sonatine de Schubert a du peps et de la classe, tandis que les inflexions vocales de la Sonate de Janacek sont apprivoisées avec sensibilité et émotion. Le violoncelle chaleureux de Juliette Salmona rejoint ensuite les deux artistes pour un Trio « « Dumky » de Dvorak fougueusement enlevé.
L’énergie ne fait pas moins défaut à Damien Ventula, le violoncelliste du Cuarteto Arriaga, et au pianiste Sam Haywood. Une 5ème Sonate de Beethoven conduite avec feu et précision, les rares Variations sur un thème slovaque de Martinu, entre tendresse et raucité, et le concert se termine par la Sonate de Poulenc. La sonorité ample du violoncelliste n’y est sans doute pas autant à sa place que dans un Beethoven ou Brahms, mais l’affaire n’en est pas moins menée avec engagement et élégance.
Alain Cochard
Rouffach, le 23 juillet 2010
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Photo : DR
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