Il faut avoir le pied léger pour épouser les volutes de fumée que Yo Yo Ma tire de ces Suites, considérées un temps comme « barbares », avant que Casals ne les tirât de leur purgatoire ! Car lorsque le violoncelliste les parcourt, c’est comme s’il les filait, les ciselant d’un archet totalement libre, tête loin de l’instrument, tendue vers le ciel. Les 6 Suites sont la pierre de touche de sa recherche. Il n’a cessé de les explorer, les associant notamment à des visions chorégraphiques ou plastiques, avec une fluidité inspirée de la modern dance. Il y revient encore et fait de cette rentrée du TCE un moment d’infinie poésie, tenant la salle au bout de son rêve, passant de la 1ère, la plus facile, puis de la 5ème, la plus élaborée, à la 3ème, irréelle, avant les nos 4, 2 et 6 le lendemain. Rien d’étonnant à ce qu’il ait conclu, dans un silence lourd de résonances, sur Marin Marais, comme dans un certain  « matin… ».

Jacqueline Thuilleux

Paris, Théâtre des Champs Elysées, les 14 et 15 septembre 2010

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