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Compte-rendu : La Maîtrise de Paris et Yves Castagnet - Sous le signe du romantisme allemand
Presque vingt ans après sa recréation dans sa configuration actuelle, indissociable de l'Association Musique Sacrée à Notre-Dame de Paris (1991), la Maîtrise Notre-Dame de Paris (Chœur d'enfants, Jeune Ensemble, Chœur d'adultes en formation professionnelle et Ensemble grégorien) a atteint un niveau et une capacité de programmation, en lien avec divers ensembles instrumentaux maison ou extérieurs, à tel point remarquables que la nécessité de fixer dans la cire numérique leurs plus belles réalisations s'imposait.
Non pas que la Maîtrise n'ait gravé de disques jusqu'à présent – ainsi l'album Salve Regina, notamment consacré à la Messe d'Yves Castagnet, ou celui confrontant celle de Vierne (1900) et la Missa Deo Gratias (2000) de Jean-Pierre Leguay (Hortus 056 & 055). Un pas vient cependant d'être franchi avec la création d'un label autonome, distribué par Abeillemusique.com : le concert du 9 novembre, qui en reprenait le programme, fêtait la parution du CD Maîtrise Notre-Dame de Paris 001.
Consacré à Mendelssohn (Motets op.39, pages de jeunesse baignée de lumière romaine), Rheinberger (Messe en sol majeur) et Brahms (admirable Ave Maria, Adoramus te), ce concert dirigé par Lionel Sow (photo), chef de chœur à Notre-Dame, permit d'entendre la Maîtrise dans une disposition particulière : Chœur d'enfants, Jeune Ensemble et Adultes – uniquement sopranos et altos. Dans l'acoustique et l'atmosphère incomparables de la cathédrale, ces pupitres aigus, soutenus avec poésie et autorité par Yves Castagnet à l'orgue de chœur, créèrent tout au long du concert un climat de lyrique sérénité, de plénitude et de grâce, restituant avec pudeur et transparence l'esprit de cette musique romantique d'une émotion pure et contenue, bien que par moments d'une ferveur affirmée – ambiance pour l'essentiel suspendue, diaphane, en réalité peu variée d'une œuvre à l'autre mais délicieusement envoleppante, protectrice.
Dans la dernière pièce, Surrexit pastor bonus de Mendelssohn, le Duetto central mit en lumière l'émouvante fragilité des voix d'enfants et jeunes adultes – tout à l'honneur des solistes s'étant risquées à en assumer la charge : on n'en perçut que mieux le miracle d'unité et de cohérence musicale et vocale de l'ensemble du programme. Avant cette page ultime et l'Adoramus te de Brahms, Yves Castagnet, monté à la vitesse de l'éclair au grand-orgue, fit entendre l'une de ses œuvres de prédilection : la Sonate n°6 de Mendelssohn, variations sur Vater unser im Himmelreich (Notre Père allemand) – l'ayant enregistrée à la Madeleine (MKI, 1990) puis à Masevaux (les Six Sonates, Soli Deo Veritas, 1994), il vient donc de la graver une troisième fois, à Notre-Dame. Le soir du concert, enchaînant sur le climat d'intériorité créé par la Maîtrise, il n'en fit pas moins entendre, mettant à profit la brusque progression dynamique de l'œuvre, la subjuguante puissance de l'instrument de tribune, sommet d'intensité aussitôt et délicatement résorbé dans l'Andante final.
Michel Roubinet
Paris, cathédrale Notre-Dame, mardi 9 novembre 2010
Sites Internet :
Musique sacrée à Notre-Dame de Paris
http://www.musique-sacree-notredamedeparis.fr/spip.php?article25
Yves Castagnet
http://www.notredamedeparis.fr/Yves-CASTAGNET
Lionel Sow
http://www.musique-sacree-notredamedeparis.fr/spip.php?article71
CD Maîtrise Notre-Dame de Paris 001
http://www.musique-sacree-notredamedeparis.fr/spip.php?article178
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Photo : DR
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