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Le piano au présent - Une interview de Marie Vermeulin, pianiste
Deuxième Prix très remarqué du Concours Olivier Messiaen en 2007, Marie Vermeulin a depuis su imposer sa personnalité singulière dans le paysage du piano français. Passionnée par la musique du XXe siècle et la création, la jeune artiste ne cède toutefois à aucune forme de monomanie et sert avec bonheur les répertoires les plus divers. Ses prochains récitals, à Vincennes le 5 mars et à Etampes le 20 mars, le prouvent une fois de plus.
Quelles sont les personnes ont le plus compté durant vos années de formation ?
Marie VERMEULIN : Lazar Berman et Roger Muraro m’ont énormément marquée. Berman a été le premier « énorme » pianiste que j’ai rencontré. J’ai travaillé avec lui d’abord lors de cours privés à Florence ou durant des master classes d’été, parallèlement à mon cursus au CNSM de Lyon, puis à l’Académie d’Imola après ma sortie sur Conservatoire. Je ne l’ai toutefois pas beaucoup vu à Imola car il est décédé rapidement. J’avais un contact privilégié avec lui ; nous parlions beaucoup, il me racontait ses expériences, me conseillait sur le concert, la présence sur la scène. Des choses que je n’avais pas abordées avec mes professeurs au CNSM, ou au CNR de Boulogne auparavant, avec lesquels je restais dans un dialogue purement musical. De merveilleux professeurs néanmoins tels que Marie-Paule Siruguet ou Hortense Cartier-Bresson. Berman a donc été le premier grand choc, puis j’ai rencontré Roger Muraro après le CNSM lors de stages ou de master classes à Reims. Le courant est immédiatement passé. Je ne voudrais pas paraître prétentieuse en disant cela mais nous nous estimons mutuellement et, aujourd’hui encore, si j’ai un concours ou un concert pour lequel j’ai besoin de conseils, je m’adresse à lui.
Doit-on à Roger Muraro de vous avoir donné le goût répertoire contemporain ?
M.V. : Roger Muraro m’a évidemment orientée vers Messiaen et, par la suite, je dirais que c’est Messiaen à titre posthume qui m’a amenée à Boulez, Berio, etc. au moment du Concours Messiaen. Depuis je m’intéresse de plus en plus près à la musique d’aujourd’hui, j’aime faire des créations. C’est une chose qui me passionne car j’ai vu tout ce que la musique de Messiaen m’a apporté sur le plan des couleurs, de la matière sonore ; elle a contribué à forger mon identité pianistique. J’aime travailler la musique contemporaine, avoir un regard neuf sur la musique et j’essaie de reproduire ce regard-là sur des répertoires plus classiques.
Des exemples ?
M.V. : Messiaen réclame une matière sonore particulière, il faut avoir un son à la fois expressif et très lumineux ; qui part dans un espace et a une résonance – il y a une véritable recherche sonore à mener sur son œuvre. Cette recherche peut s’appliquer à toute la musique. C’est évident chez Debussy, chez Ravel évidemment, mais aussi chez Chopin et chez Liszt. Il y a peu, à Cortot, j’ai donné un programme Chopin-Liszt-Messiaen pour souligner tout ce que l’on peut exploiter du point de vue de la matière sonore chez ces trois auteurs.
Comment avez-vous conçu les programmes que vous vous apprêtez à donner à Vincennes et à Etampes ?
M.V. : A Vincennes, le 5 mars, il s’agit d’un programme court en une partie qui s’inscrit dans le cadre d’une des soirées « Révélations » de la saison « Prima la Musica ! ». Je commence par Ondine de Ravel, je passe ensuite à Liszt avec Au bord d’une source et Vallée d’Obermann – pages qui me rappellent mes années d’études avec Berman -, puis à Debussy (Pour le piano) et je termine sur le Regard de l’Esprit de Joie de Messiaen. A Etampes, le programme est plus axé sur Liszt, mais on y trouve aussi la 3ème Sonate de Chopin.
Quelle est votre relation avec la musique de Liszt ?
M.V. : Je n’ai pas joué tant de Liszt que ça dans mon parcours mais j’en ai beaucoup écouté lors des master classes de Lazar Berman et j’en garde un souvenir très fort. J’ai évidemment tous ses enregistrements lisztiens et je les écoute à chaque fois avec une émotion particulière car ils me rappellent son personnage, son énergie, sa puissance, son inventivité musicale, et je revois aussi l’être humain que j’ai eu la chance de côtoyer. Mais le rapport très visionnaire de Liszt à la couleur, à la nature m’intéresse évidemment beaucoup et peut être relié à Messiaen et à bien d’autres auteurs du XXe siècle.
Propos recueillis par Alain Cochard, le 26 février 2011
Marie Vermeulin en récital
5 mars 2011 – 20H30
Œuvres de Ravel, Liszt, Debussy, Messiaen
Vincennes – Auditorium Cœur de Ville
(dans le cadre d’une soirée « Révélations/Prima la Musica ! » partagée avec les violonistes
Eléonore Darmon et Mohammed Hiber)
Infos : www.prima lamusica.fr
20 mars 2011 – 17h
(œuvres de Liszt et Chopin)
Etampes – Théâtre Municipal
Tél. : 01 69 92 69 07
Pour en savoir plus sur Marie Vermeulin : www.marievermeulin.com
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Photo : DR
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