Affinant la question fameuse posée naguère par Philippe Beaussant dans son livre « Vous avez dit Baroque ? », Le Festival Mars en Baroque joue la diversité et la confrontation dans cette 9ème édition. D'où ce titre un brin provocateur : « qu'est devenue l'approche baroque aujourd'hui? »

L'acteur majeur y reste le collectif du Concerto Soave, ardent partisan du primo Seicento avec le clavecin (et orgue) du directeur Jean-Marc Aymes, toujours juste de style et de ton, et la voix de lumière de Maria Cristina Kiehr qu'un revirement d'affetti peut ombrer soudain d'un dolorisme déchirant. Et il y a, le temps d'un concert, le savoir-faire de l'Ensemble Musicatreize, au service du répertoire contemporain (23/03).

A pareille affiche, il fallait un symbole: un rôle confié au vrillant Lamento Lasciatemi morire, seul fragment qui nous soit parvenu de l'opéra écrit par Monteverdi pour le mariage de l'héritier Gonzague en 1608. Ariane abandonnée ne veut plus vivre et sa plainte tourne au délire, que la soprano argentine charge d'une émotion indicible (aussi bien, preuve de son impact sur la création actuelle, le Lamento du Crémonais a suscité mieux qu'un écho chez les Suédois Jesper Nordin et Lars Edlund, que n'a pas oubliés ici Musicatreize). On ne peut que souhaiter le succès à ce Mars en Baroque marseillais riche également d'un récital très attendu de Luca Guglielmi (17/03), à l'écoute des pressentiments romantiques traversant au XVIIIème siècle la musique germano-italienne pour clavecin et piano-forte. Sans parler de la soprano Stéphanie Révidat et de la Simphonie du Marais (19/03) butinant dans les « goûts réunis » et  nouveautés italiennes, de Lully à Campra, Couperin et Rameau.

Festival « Mars en Baroque »

Du 11 au 23 mars 2011

Marseille-Martigues

Rens. : www.concerto-soave.com/festival_mars_programme.html

Roger Tellart

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Photo : DR