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Compte-rendu : Le Quatuor Modigliani au Louvre - De la belle ouvrage !


Alors que d’autres jeunes formations cherchent encore leur voie, le Quatuor Modigliani, fondé en 2003, s’est installé sur les plus hautes cimes d’un genre où seule la perfection a droit de cité. Les musiciens pratiquent à nouveau des instruments italiens des plus grands luthiers des XVIIe et XVIIIe siècles (Guadagnini, Gagliano, Goffriller, Mariani), retrouvant une homogénéité, un équilibre qui leur manquaient parfois quand ils officiaient sur les « Evangélistes » fabriqués par Vuillaume en 1863.

A l’Auditorium du Louvre, dès le Quatuor n°1, op 18 n°1 de Beethoven, les Modigliani convainquent par un élan, une perfection stylistique, une virtuosité et un sens des couleurs qui rendent justice au caractère haydnien d’une partition encore influencée par les années d’apprentissage mais dont les foucades et les accents portent déjà la signature du Titan de Bonn.

Changement de climat avec un Quatuor de Debussy en demi-teinte, presque intériorisé, privilégiant la sensualité des cordes, la qualité de la sonorité à la dynamique et aux effluves franckistes. L’alchimie entre les quatre interprètes, leur communion suscitent un état de grâce proche du rêve éveillé, loin d’une vision expressionniste.

Avec le 7e Quatuor en fa mineur op 80 - une œuvre du tout dernier de Mendelssohn -, l’éclat du romantisme projette ses feux les plus passionnés. Le sens du fantastique et la tension dramatique correspondent à l’état d’esprit d’un compositeur en deuil de sa sœur Fanny. D’une tenue exemplaire, l’exécution des Modigliani sait faire la part entre ce que Goethe appelait le jeu de quatre personnes raisonnables et la liberté du cœur.

En bis, la Polka de Chostakovitch apporte cette note de causticité et d’humour cinglant dont le compositeur russe est coutumier. Il faut décidément compter, dans le paysage de la musique de chambre, avec le Quatuor Modigliani !

Le lendemain, dans le cadre des Concerts du jeudi de l’Auditorium, Diego Tosi et Denis Pascal faisaient montre à leur tour d’une connivence et d’une autorité très impressionnante dans des œuvres pour violon et piano de Saint Saëns (en particulier la Sonate n°1, op 75), tandis que le violoniste seul donnait à Irisations d’Edith Canat de Chizy toute sa dimension rythmique et polyphonique.

Michel Le Naour

Paris, Auditorium du Louvre, 2 mars 2011

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Photo : DR

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