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Otello à l’Opéra Bastille - Couple glamour - Compte-rendu
Iago ne tient plus Otello en laisse durant sa crise d’épilepsie, et ce dernier expire sur le lit de Desdémone au lieu d’aller mourir dans son palmier : chaque reprise de l’improbable régie de Serban apporte son lot de nettoyages, c’est bien, mais au bout du compte cela ne fait toujours pas un spectacle, en tous cas rien qui puisse rendre compte du génie employé ici par Verdi.
Peu importe, on ne retournait pas à cet Otello pour sa non-mise en scène, mais pour la distribution. Ecartons d’abord une paille, hélas de taille : comment Lucio Gallo ose-t-il présenter un Iago aussi malcanto : cette voix qui dégoise, cette justesse par en dessous, ces effets qui cassent la ligne sont hélas le pendant d’un jeu histrionique : à force de charger ainsi le traître, celui n’est simplement plus personne. Cabotinage et approximations, tout ce qu’il ne faut pas faire, il le fait.
Si les comprimari sont un peu plus pâles qu’attendus, avec au sommet un Roderigo falot qui meurt comme si il s’était pris les pieds dans le tapis, le Maure et sa Vénitienne touchaient au sublime : Aleksandrs Antonenko est Otello, il l’a prouvé devant un public médusé par l’autorité de ses moyens, la profondeur de son timbre, l’intensité de son expression. S’il avait eu un vrai directeur d’acteur en face de lui, son triomphe aurait été total.
On aime sans réserve la Desdémone de Renée Fleming, tendre et apeurée à la fois, distillant pourtant un charme irrésistible. Oui, elle met un peu de Manon ici, mais c’est la splendeur de son timbre qui crée cette jolie confusion. On est loin de la ligne ardente de Margaret Price, mais quel art, quelle volupté.
Mention spéciale au beau baryton de Carlo Gini, impeccable Lodovico. Marco Armiliato dirige fluide, rapide et nuancé. C’est très bien fait, mais pour l’orchestre du denier Verdi il faut plus de caractère, des accents autrement tranchants, tout un théâtre de sang et de terreur que le jeune chef ne voit même pas.
Jean-Charles Hoffelé
Giuseppe Verdi : Otello - Paris, Opéra Bastille, le 14 juin, puis les 17, 20, 23, 28 juin, 1er, 4, 7, 10, 13, 16, juillet 2011. www.operadeparis.fr
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Photo : Opéra national de Paris / Ian Patrick
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