Musicalité, franchise du propos : le récital Liszt que le jeune Tristan Pfaff vient de réaliser pour le label Aparté (1), avec le soutien précieux du Festival d’Auvers-sur-Oise, a retenu l’attention des mélomanes attentifs aux talents nouveaux.

Michel Béroff et Denis Pascal au Conservatoire National Supérieur de Paris, puis Aldo Ciccolini dans le cadre de cours privés : autant dire que les années de formation de Tristan Pfaff, partagées entre trois lisztiens éminents, « très différents mais complémentaires », constituent un bel atout pour celui qui a choisi de jouer à plein la carte lisztienne à l’occasion du bicentenaire du compositeur, avec un émerveillement profond et toujours croissant envers une musique d’une profonde modernité. « Il y a des avancées incroyables chez Liszt ; on voit des pièces écrites dans les années 1840 déjà étonnantes. Je suis de plus en plus sensible à l’aspect précurseur de Liszt, son évolution depuis les pages de jeunesse jusqu’aux compositions ultimes qui ouvrent sur le XXe siècle. Je tenais à donner dans mon disque un aperçu aussi complet que possible de Liszt, de la diversité de ses sources d’inspiration et j’ai mêlé des œuvres originales à des transcriptions. »

D’Albi à Besançon, de Bourgueil à Biarritz, de Compiègne à Annecy, l’été 2011 donne de nombreuses occasions d’entendre Tristan Pfaff en soliste, mais aussi à deux pianos en compagnie Cyril Huvé sur des instruments du siècle romantique (dont un rare double piano Pleyel de 1890 fraîchement restauré). Le jeune pianiste ne se pose aucunement en spécialiste de ces instruments (tout en ayant déjà une certaine expérience du pianoforte) et avoue partir à leur découverte avec curiosité. « C’est un vrai bonheur, on voit des choses qui sont possibles sur ces pianos et ne le sont pas sur des instruments modernes, et inversement. Ils sont beaucoup plus légers ; il y a plein de formules d’écriture que l’on conçoit beaucoup mieux sur ces pianos-là que sur des pianos modernes. Je suis heureux de donner ces concerts avec Cyril Huvé, que je vais avoir l’occasion de mieux connaître. »

Quant à la suite du parcours de Tristan Pfaff, c’est selon toute probabilité autour d’un des compositeurs les plus chers à son cœur, Schubert, qu’il devrait s’organiser une fois passé le cap lisztien de 2011. Un CD Schubert est en projet ; on le guettera avec impatience.

Alain Cochard

Récital Liszt / 1 CD Aparté (AP 019)

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Photo : DR