Sans doute, les jeunes générations, de Louis Langrée à Jérémie Rhorer, nous ont-elles accoutumés à plus de vivacité chez Mozart. Du coup, Sir Colin Davis, grand prêtre de Berlioz devant l’Eternel, lui donne un sacré coup de vieux dans cette Clémence de Titus dont le livret de Métastase utilisé certes par plusieurs dizaines de compositeurs avant Mozart, lui permit tout de même d’élever un monument à son idéal politique du despote éclairé. C’est surtout une question de style, le président du LSO ignorant superbement le mouvement baroque, et de tempo, car Sir Colin connaît son Mozart : ses phrasés sont toujours justes et ses chanteurs en sécurité. Le Chœur de chambre estonien est aussi convaincant que dans La Traviata.

Le doyen des chefs britanniques n’a pu éviter pour autant deux défections dont celle de son compatriote John Mark Ainsley remplacé dans le rôle-titre par le ténor américain Gregory Kunde à la voix plus lourde et à l’intonation incertaine dans l’aigu. Notre compatriote Amel Brahim-Djelloul a brillamment suppléé une collègue dans le rôle délicat de Servilia. La Vitellia de la soprano italienne Carmen Giannattasio termina mieux qu’elle n’avait commencé. Quant au Publio du Britannique Darren Jeffery il demeura jusqu’au bout dans un brouillard vocal très londonien… Du coup, la soirée reposa presque entièrement sur les deux mezzos anglaises titulaires des rôles travestis de Sesto – l’admirable Sarah Connolly – et d’Annio – l’excellente Anna Stephany.

On attendait beaucoup du metteur en scène écossais David McVicar qui nous avait habitués à plus d’inventivité. On avait tort. Comme beaucoup d’autres avant lui, il prend le risque d’accepter trop de projets : Mozart et le Festival d’Aix méritaient mieux que cette direction d’acteurs fade et stéréotypée et ces décors moyenâgeux bruts de décoffrage. Le pompon revient à cette escouade de danseurs sabre au poing servant de garde rapprochée à Titus : on se croirait dans un de ces films historiques de la BBC évoquant quelque guerre des deux roses ou quelque drame shakespearien pour une soirée perdue d’Arte…

Jacques Doucelin

Mozart : La Clémence de Titus - Aix en Provence, Théâtre de l’Archevêché, 7 juillet, prochaines représentations : 13, 15, 19, 21 juillet 2011
www.festival-aix.com

Retransmis en direct par Mezzo et Mezzo Live HD le 21 juillet à partir de 21h30, et capté par France Télévisions.

> Vous souhaitez répondre à l’auteur de cet article ?

> Lire les autres articles de Jacques Doucelin

Photo : Pascal Victor / Artcomart