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Plamena Mangova, Juraj Valcuha et l’Orchestre de la RAI - Liszt revu et orchestré - Compte-rendu
Chef principal de l’Orchestre de la RAI de Turin depuis deux ans, le Slovaque Juraj Valcuha propose trois créations durant la première partie du concert qu’il dirige dans le cadre du Festival de Radio France. Vorspiel (2011) de Bernard Olivier Faguet est l’œuvre d’un musicien singulier, par ailleurs professeur de philosophie à Montpellier. Né en 1970, l’artiste reconnaît ouvertement sa dette tant envers les Viennois que les grands Russes. Sens de la couleur, mobilité des atmosphères caractérisent une pièce pour grand orchestre qui privilégie le travail du détail sur les effets de masse et constitue une belle introduction aux deux célèbres pages du piano lisztien qui suivent : la Mephisto-Valse et la Rhapsodie Espagnole.
Les musiciens turinois auraient-ils décidé de se croiser les bras ? Point du tout ; nous sommes à Montpellier et c’est dans des versions pour piano et orchestre, concoctées respectivement par Richard Burmeister (1860-1944) – un élève de Liszt – et Ferruccio Busoni, que l’on découvre (en création française) ces deux ouvrages. Quand on s’est aventuré à orchestrer la Wanderer Fantaisie, il faut bien s’attendre à ce que ce genre de chose vous arrive…
Pour défendre ces deux curiosités, Plamena Mangova (photo) est l’interprète idoine. La richesse de sa sonorité, sa virtuosité pleine d’aplomb font plus d’effet dans la Rhapsodie espagnole que la Mephisto-Valse, tout simplement parce que l’orchestration plutôt terne de Burmeister empâte souvent le discours, tandis que celle, intelligente et tonique, de Busoni tire infiniment mieux parti de l’original. Mangova se met le public dans la poche avec panache et le régale ensuite de deux beaux bis (Der Atlas de Schubert/Liszt et le Nocturne en ut mineur op posth. de Chopin).
La prestation honorable sans plus de l’Orchestre de la RAI en première partie faisait un peu craindre la suite du concert... Craintes justifiées : avec la Symphonie n°3 de Rachmaninov la phalange italienne montre ses limites. Le talent du jeune chef n’est pas en cause ici – il a montré sa valeur en bien d’autres occasions – mais il ne dispose pas « sous le capot » de la puissance, du mordant, du dynamisme requis par une partition que le maître russe écrivit pour l’Orchestre de Philadelphie (et enregistra d’ailleurs – et de quelle géniale façon – avec lui). Dommage car l’on était heureux d’entendre un opus qui balaie bien des idées reçues sur son auteur.
Alain Cochard
Montpellier, Opéra Berlioz, 21 juillet 2011
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