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52ème Concours de jeunes chefs d’orchestre de Besançon - Une nouvelle victoire japonaise - Compte-rendu
Après Kazuki Yamada, vainqueur de la précédente édition du Concours de jeunes chefs d’orchestre de Besançon en 2009, le Japon vient à nouveau de se distinguer en remportant grâce à Yuki Kakiuchi (photo) le très convoité prix de la célèbre compétition qui, lors de sa première édition en 1959, avait couronné un certain Seiji Ozawa. La personnalité de ce dernier, la carrière qu’il a menée depuis et son action en faveur de la formation des jeunes chefs au Japon expliquent en partie l’attrait que Besançon exerce sur les musiciens issus du pays du soleil levant.
L’édition 2011 n’aura pas échappé à la règle de ce point de vue car, parmi les vingt candidats présents sur la ligne de départ, six étaient Japonais et, si l’on ajoute quatre Coréens, un Chinois et un Taïwanais, on constate d’une façon plus générale une forte représentation de l’Asie dans une compétition qui, curieusement, ne comptait aucune baguette venue de cette formidable pépinière de chefs qu’est la Finlande. Trois Français étaient en revanche présents.
Au bout du compte l’Europe s’en tire plutôt bien car, auprès de Yuki Kakiuchi, on trouvait Gergely Madaras (Hongrie) et Stamatia Karampini (Grèce) pour une finale (avec le Brussels Philharmonic) au terme de laquelle le jury présidé par Sir Andrew Davis a tranché. Les 2ème et 3ème mouvements du 2ème Concerto pour piano de Saint-Saëns (avec Marie-Josèphe Jude en soliste), …ombres… de Michael Jarrel (un commande du Festival de Besançon donnée en première mondiale) et Don Juan de Richard Strauss figuraient au menu de chacun des candidats.
Quelques commentaires sur cette ultime épreuve, avec bien évidemment la prudence qu’impose le fait de n’avoir pu assister à celles qui précédaient.
Victoire incontestable de Yuki Kakiuchi qui, à 33 ans, possède déjà un solide métier - il a travaillé avec Seiji Oswa entre autres. Précis, fluide, il manifeste une aisance et une liberté qui lui permettent de demeurer continûment à l’écoute de la soliste dans Saint-Saëns, tout en soignant la partie orchestrale. La belle pièce de Michael Jarrel est rendue avec un sens affirmé du détail et des timbres et, du turgescent foisonnement sonore du poème symphonique straussien, le jeune maestro tire une interprétation à la fois élégante et nerveuse.
Forte d’une grande expérience de l’opéra (elle possède près d’une quarantaine d’œuvres déjà !), Stamatia Karampini, 33 ans également, déploie une énergie qui, d’évidence, séduit le public - il lui décernera son Prix. L’énergie est une chose, le style une autre ; nous resterons plus réservé sur une « efficacité » qui manque, là en tout cas, de subtilité. Adieu l’esprit scherzando dans la 2ème mouvement du Saint-Saëns, finale pesamment accompagné ; …ombres… bien attaqué mais très plat dans sa vaste section centrale pourtant riche d’un vrai potentiel expressif, Don Juan aux plans sonores trop souvent indistincts. Sans doute faut-il plutôt découvrir la jeune artiste grecque à l’opéra – des oreilles fiables nous rapportent d’ailleurs qu’elle s’est distinguée lors de la partie lyrique de la demi-finale.
27 ans seulement : Gergely Madaras est, pour parler familièrement, sans doute un peu « vert » encore, mais on décèle un grand potentiel d’évolution chez ce jeune homme profondément musicien. Nul n’a su mieux que lui saisir le caractère du deuxième mouvement du Saint-Saëns. Madaras possède une autorité naturelle et suscite l’engagement des musiciens. Premier dans l’ordre de passage, c’est donc le Hongrois qui aura donné la création mondiale de …ombres…, avec une envoûtante imagination sonore. Son Don Juan sait être narratif, plein de relief, mais le jeune chef garde la tête froide, évite tout tape-à-l’œil et parvient à une lisibilité et une unité d’ensemble franchement épatantes. 27 ans seulement ; on entendra sûrement reparler de Gergely Madaras …
Le rôle de soliste dans un concours de chefs n’est pas simple à assumer : terminons en saluant Marie-Josèphe Jude qui a su manifester une parfaite objectivité envers les trois candidats sans tomber dans la fadeur ou la neutralité - bien au contraire. Chapeau !
Alain Cochard
Besançon, Théâtre, 23 septembre 2011
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Photo : Y. Petit
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