Avec Il Trovatore, l’opéra le plus fou, le plus romanesque qu’ait enfanté Verdi. Epuisé par les déboires successifs rencontrés par Un ballo in maschera, le compositeur avait cessé d’écrire depuis deux ans lorsqu’il reçut une lettre du ténor Enrico Timberlick lui demandant au nom de l’Opéra de Saint-Pétersbourg, un nouvel ouvrage pour la saison 1861-1862. Verdi propose d’abord une adaptation du Ruy Blas de Victor Hugo, mais rencontre illico un refus de la censure impériale. Finalement le compositeur se tourne vers un drame du Duc de Rivas, Alvaro o la forza del destino, un classique du théâtre espagnol dont il avait découvert la traduction italienne en 1850. L’ouvrage connut bien des péripéties et Verdi retoucha abondamment drame et musique lorsque la Scala voulut reprendre La Forza del destino en 1869.

Intrigue complexe, personnages flamboyants, théâtre des passions et de la démesure, l’opéra tire sa singulière puissance de ses défauts : trop long, trop alambiqué, trop écrit, trop tout, mais c’est justement dans cet excès constant que l’œuvre vit. Elle exige une distribution de première force, que Nicolas Joel a assemblée : Marcello Alvarez en Alvaro, Violetta Urmana en Leonora, Kwangchul Youn en Padre Guardiano, Vladimir Stoyanov en Don Carlo, quel quatuor ! Et l’on compte bien sur la clarté légendaire de Jean-Claude Auvray (photo) pour rendre le drame lisible. Une inconnue : Philipe Jordan mettra-t-il enfin le feu à son orchestre ou nous rejouera-t-il la carte du style ?

Jean-Charles Hoffelé

Verdi : La Forza del destino

Paris - Opéra Bastille

Les 14, 17, 20, 23, 26, 29 novembre et 2, 5, 8, 11, 15 et 17 décembre 2011

www.operadeparis.fr

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Photo : Opéra de Paris / Ch. Leiber