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Oberto au Théâtre des Champs-Elysées - Prémices verdiennes - Compte-rendu
Oberto, Conte di San Bonifacio, premier opéra de Verdi, n'est sans doute pas un chef-d'oeuvre, mais trois ans seulement sépare ce galop d'essai de Nabucco, œuvre « de jeunesse » d'une tout autre verve musicale, d'un auteur majeur du 19ème siècle, que le succès ne quittera bientôt plus.
Créé à Milan en 1839, sur un livret de Solera, Oberto malgré quelques faiblesses, contient en germe tout ce qui fera la spécificité de Verdi : un sens évident de la mélodie en symbiose avec l'évolution du drame, un orchestre aux lignes développées, des choeurs vigoureux et une écriture vocale très caractéristique, qui fait appel à un nouveau type de technique et de registre, auxquels vont devoir se soumettre ses interprètes. Chef au tempérament solide, Carlo Rizzi à la tête de l'Orchestre National de France dirige avec une grande fermeté cette partition dans laquelle le compositeur italien exalte les passions (trahison, vengeance, serments de tous ordres) d’une intrigue où s'affronte un impressionnant quatuor vocal.
La basse Oberto, chantée ici par un Michele Pertusi (photo) très en voix, n'est pas sans rappeler le futur Procida des Vêpres siciliennes, avec cet honneur et ce déchirement cultivés pendant l'exil. Le séducteur Riccardo interprété par le ténor Valter Borin, qui remplaçait Fabio Sartori, n'est guère plus qu'une utilité, Verdi préférant se concentrer sur les deux rivales Leonora et Cunizza. Entendue à Paris dans Macbeth, Nabucco et Attila, Maria Guleghina à qui l'on doit l'intégrale gravée en 1996 par Philips avec Samuel Ramey et Sir Neville Marriner, affronte avec courage le rôle éprouvant de Leonora. Certes la voix n'a plus ni la souplesse ni l’homogénéité d'hier, tout en ayant conservé son volume et ses aigus, mais la soprano ne se ménage à aucun moment et vient à bout de cette tessiture impossible où flirtent déjà les écarts d'Abigaille, sur fond de cantilène héritée de Bellini. La belle mezzo Ekaterina Gubanova découverte en 2005 dans le Tristan et Isolde de Peter Sellars où elle était Brangaene (2005), campe ici une splendide Cunizza, dans un style raffiné où ressortent ses graves chauds et langoureux qui rappellent ceux de la première Christa Ludwig. Jolie présence de Sophie Pondjiclis (Imelda) et du Choeur de Radio France pour ce concert également donné le 19 novembre.
François Lesueur
Verdi : Oberto (version de concert) – Paris, Théâtre des Champs-Elysées, 17 novembre 2011
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Photo : DR
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