Cette Tosca est le fruit d’une coproduction avec le Teatro Regio de Turin où l’opéra a été présenté à plusieurs reprises avec mise en scène. L’aisance avec laquelle les interprètes se meuvent sur la scène du Théâtre des Champs-Elysées en dit long sur la préparation qui a présidé à cette version de concert. La réussite en revient grandement à Gianandrea Noseda (photo) qui ne ménage ni ses forces ni son talent à la tête de l’Orchestre et des Chœurs du Teatro Regio de Turin et de la Maîtrise de Radio France. Emportée par un souffle dramatique, d’une précision stylistique jamais prise en défaut, sa direction enflammée et subtile rend à la partition de Puccini toute sa dimension impressionniste, ses contrastes et son énergie saisissante. Les chanteurs, grâce à lui, se sentent galvanisés et en parfaite sécurité.

La bulgare Svetla Vassileva (déjà entendue à l’Opéra de Paris dans Francesca da Rimini) est une Tosca dramatique qui manifeste dans les instants de douleur et de détresse des inflexions intenses et plus encore une fragilité émouvante. Plus statique, le Cavaradossi du jeune Riccardo Massi impressionne par sa chaleureuse projection des aigus et un timbre soutenu dans le medium et le grave. Une telle facilité et de tels moyens laissent augurer une carrière prometteuse. Le Scarpia de Lado Ataneli ne tombe jamais dans les excès et donne à son personnage cette brutalité physique au premier degré entre cynisme et bestialité, parvenant même à mimer sa mort de manière tout à fait convaincante sous les coups de poignard de Tosca. Seul point faible de cette distribution stylistiquement parfaite, les instabilités vocales de Francesco Palmieri, en Angelotti fatigué. Le reste de la distribution de révèle d’une constante homogénéité (Sacristain de Matteo Peirone, Sciarrone de Federico Longhi…). Une version de concert qui restera dans les mémoires.

Michel Le Naour

Puccini : Tosca (version de concert) - Paris, Théâtre des Champs-Elysées, 24 janvier 2012

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Photo : Ramella&Giannese