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Du sens pour la musique - 3 questions à Véronique de Boisséson, directrice artistique des concerts du Collège des Bernardins
Avec une dizaine de concerts par an, le Collège des Bernardins privilégie la qualité à la quantité et s’attache à inscrire sa programmation musicale dans une démarche d’ensemble. A l’approche d’un concert de l’Ensemble Arsys-Bourgogne le 26 mars, Véronique de Boisséson, directrice artistique des concerts au Bernardins, répond à Concertclassic.
En quoi se distingue la programmation musicale du Collège des Bernardins au sein de l’offre pléthorique de la capitale ?
Véronique De Boisseson : La musique s’intègre à l’activité d’un lieu où il se passe beaucoup de choses. Les multiple activités du Collège s’articulent autour de la formation, avec de la théologie, de l’anthropologie, de la philosophie. Elles s’adressent d’une part à des spécialistes, de l’autre à un public très large, à des non spécialistes, à l’homme de la rue qui s’interroge et cherche à donner un sens à ce qu’il vit en ce début de XXIe siècle. Notre intention n’est pas de proposer des concerts où les œuvres s’enchaînent les unes aux autres dans le seul but de flatter les oreilles du public. Le message musical proposé aux Bernardins s’inscrit dans une mission globale de réflexion sur l’homme et sur son avenir dans la société.
Quelles sont les grandes lignes de l’activité musicale des Bernardins ?
V. D. B. : Dans la mission à la fois précise et très vaste des Bernardins, elle se positionne comme un carrefour pour des musiques de tous styles, de toutes origines et se caractérise par un grand désir d’ouverture et de rencontre avec les musiciens d’aujourd’hui. Ceux-ci sont des interlocuteurs privilégiés, des témoins particulièrement sensibles de notre temps, un reflet vivant de la société contemporaine ; ils ont quelque chose à nous dire sur ce que nous sommes et sur ce que nous sommes en train de devenir.
J’essaie de travailler très en amont avec eux pour bâtir des programmes qui s’inscrivent dans la mission des Bernardins. Je vis toujours un moment très intense avec les artistes qui découvrent les Bernardins car ils se rendent compte que nous ne sommes pas une salle de concerts comme il y en a tant, mais que nous essayons d’aller bien au-delà vers la compréhension de notre monde et l’approfondissement de questions qui nous touchent tous.
Nous travaillons autour de thématiques. Pour la saison en cours il s’agit de « L’exploration des frontières entre le sacré et le profane », car l’on ne peut pas cloisonner les choses de façon aussi abrupte que cela se fait parfois, le jazz avec un « hommage Duke Ellington », et un troisième axe : « Timbres, espaces et résonances ». La nef extraordinaire des Bernardins est un lieu vierge et pur qui permet de disposer d’un espace façonnable et c’est pourquoi j’ai imaginé ce thème autour des timbres et des résonances. Il a été en particulier marqué en janvier par un programme «Claviers en miroirs » avec Michaël Levinas, Pierre Hantaï et Alain Planès et l’ensemble Le Balcon, qui a aussi été l’occasion d’un passionnant dialogue entre les artistes et le public sur l’incidence de l’évolution de la facture instrumentale sur l’histoire de la composition et de l’interprétation. Après les claviers nous sommes passés aux cuivres en février avec le trompettiste Romain Leleu pour une séduisante promenade musicale commentée.
Les deux derniers rendez-vous du cycle « Timbres, espace et résonances » sont consacrés à l’Ensemble Arsys-Bourgogne (26 mars) et à l’Ensemble Les Eléments (24 mai). Comment les programmes de ces deux soirées ont-ils été conçus ?
V. D. B. : Les deux concerts procèdent de la même intention. Dans la mesure où nous disposons de cette grande nef dont je vous ai parlé auparavant, je me suis dit qu’il serait intéressant de disposer des chœurs à différents endroits afin de travailler sur la polychoralité. Le chef des Eléments, Joël Suhubiette, a eu un vrai éblouissement lorsqu’il a découvert la nef. Avec Arsys, Pierre Cao donnera un programme à doubles et triples chœurs composé d’ouvrages de Praetorius, Johann Bach et Schütz. Comme c’est souvent le cas aux Bernardins, j’ai demandé à Pierre Cao d’intervenir avant le concert pour une conférence introductive.
Propos recueillis par Alain Cochard, le 7 mars 2012
Concert du Chœur Arsys-Bourgogne, dir. Pierre Cao
26 mars 2012 – 20h 30
Nef du Collège des Bernardins
20 rue de Poissy, 75005
Site du Collège des Bernardins : www.collegedesbernardins.fr
Conférence de Pierre Cao de 19h à 19h45
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Photo : DR
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