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Sir John Eliot Gardiner dirige le Requiem de Berlioz à Saint-Denis - Ferveur et équilibre - Compte-rendu
C’était le temps fort et le point d’orgue du Festival de Saint-Denis et, comme on pouvait s’y attendre, le public s’est déplacé en masse pour entendre le Requiem de Berlioz sous la direction de Sir John Eliot Gardiner. Bien lui en a pris car l’interprétation du maestro britannique s’est révélée largement à la hauteur des attentes qu’elle avait fait naître.
Dès les première mesure du Requiem aeternam on découvre un chef particulièrement attentif à la ponctuation, à l’articulation de la phrase musicale – et au résultat sonore dans une basilique archi-pleine - ; c’est à petit miracle d’équilibre qu’il va parvenir avec une exécution qui, même si l’on perd fatalement certains détails dans un tel lieu, sait déjouer les pièges d’une acoustique difficile.
Gardiner a délaissé son Orchestre Révolutionnaire et Romantique au profit de l’Orchestre National de France, que l’on découvre sacrément motivé par l’enjeu de la soirée : les profondes affinités du chef avec le langage berliozien se vérifient une fois de plus – et quel bonheur pour des instrumentistes que de répondre aux propositions stimulantes du chef !
Fervent, le Requiem selon Gardiner fuit l’emphase pour mieux dire l’ambiguïté d’une composition singulière, entre foi et doute. La réunion du Monteverdi Choir et du Chœur de Radio France, excellemment préparés par Matthias Brauer - quels progrès les choristes parisiens ont-ils accompli depuis l’arrivée de ce dernier ! – s’avère une excellente idée et réserve des moment de profonde émotion (magnifique Quaerens me !). A cet atout choral, essentiel, il faut ajouter la très belle intervention de Michael Spyres, qui entonne le Sanctus perché à la tribune de la basilique.
Gardiner soigne les couleurs, les alliages de timbres de l’ouvrage du bouillant Hector et tient de la première à la dernière note une interprétation intensément vécue mais jamais tapageuse. Elle prend tout son sens dans le long silence que le chef impose au terme de l’Agnus Dei, avant que les applaudissements, enthousiastes, ne retentissent.
Alain Cochard
Saint-Denis, basilique cathédrale, 28 juin 2012
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Photo : DR
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