On le fait passer pour un prodige – son jeune âge, vingt ans tout juste, lui a fait de ce côté du Channel toute sa réputation - mais il est avant tout un musicien de première force. Pianisme élégant, sens du discours, palette de couleurs et d’expression aussi réservée qu’évocatrice, voila assurément un artiste, comme l’ont prouvé ses deux premiers disques (1) qui ont justement soulevé l’enthousiasme de la critique.

Cette maturité artistique s’explique en partie par ses professeurs – il a étudié auprès de Leif Ove Andsnes, de Stephen Hough et d’Arnaldo Cohen – mais d’abord par des dons assez prodigieux qui dépassent le simple jeu physique. Dans chacune des interprétations qu’il a jusqu’ici délivrées, Benjamin Grosvenor construit des univers saisissants de poésie et d’éloquence.
René Martin ne pouvait pas ne pas l’inviter à se produire dans le parc du Château de Florans ; gageons que le public festivalier découvrira un artiste majeur.

Programme impeccable, composé en triptyque : la 4ème Partita de Bach, la 3ème Sonate de Chopin, le Gaspard de la Nuit de Ravel, trois siècles de musique pour clavier en trois chefs-d’œuvre que tout oppose ; l’occasion de vérifier la versatilité d’un jeune homme qui commence seulement à nous étonner.

Jean-Charles Hoffelé

Récital de Benjamin Grosvenor
Festival de la Roque d’Anthéron
17 août 2012 – 18h
Parc du Château de Florans
www.festival-piano.com

1) Un premier récital « This and That », composite comme son titre l’indique, est paru confidentiellement (mais peut se commander via Amazon). Il comporte entre autre une lecture magistrale du Premier Cahier d’Iberia, mais aussi trois scintillantes Etudes de concert de Kapustin et des pièces de virtuosité, dont des transcriptions signées Cziffra. Un second disque, ses débuts sous le label Decca, offre les quatre Scherzos et trois Nocturnes de Chopin couplés au Gaspard de la Nuit de Ravel.

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Photo : Sussie Ahlburg