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Concert inaugural de l’Orchestre de Paris - Vive la rentrée ! - Compte-rendu
Sur le pont deux soirs d’affilée à Pleyel, l’Orchestre de Paris, son Chœur, et Paavo Järvi ont entamé leur saison avec un programme franco-russe, que nous avons découvert lors du second concert.
En pleine phase de reconstruction depuis sa reprise en main par Lionel Sow en septembre 2011, le Chœur de l’Orchestre Paris est à l’honneur lors d’une première partie consacrée aux Litanies à la Vierge noire et au Stabat Mater de Poulenc. Dans le premier ouvrage – qui est aussi la première réalisation sacrée de Poulenc -, les seules voix féminines montrent une homogénéité qui fait honneur au travail mené depuis un an avec le nouveau patron de l’ensemble. Paavo Järvi (photo) opte pour une conception plutôt sévère ; nulle sécheresse, nulle froideur toutefois dans son approche, mais une pointe de distance qui ne souligne que mieux la densité du propos et l’émotion sincère de Poulenc.
L’interprétation du Stabat Mater s’inscrit dans la même lignée, sans aucun larmoiement. Cette tenue dans l’expression à raison de quelques scories, sur le plan choral comme chez la soliste : Mireille Delunsch. Celle-ci a appris la veille à 14h qu’elle remplaçait le soir même Patricia Petibon dans une partition jamais encore abordée… Son professionnalisme et sa musicalité méritent un grand coup de chapeau.
Changement de registre en seconde partie puisque le 3ème Concerto de Prokofiev réunit l’Orchestre de Paris et Lang Lang, un artiste que la phalange connaît depuis un bon moment déjà. On se souvient qu’à l’époque Eschenbach le virtuose a enregistré les Concertos nos 1 et 4 de Beethoven avec les Parisiens et leur directeur musical d’alors. Rappelons à ce propos que lors d’une tribune des critiques de disques de France Musique – écoute « en aveugle » donc… - leur version du Concerto n°1 s’était hissée en tête de la confrontation, distançant largement d’illustres concurrents, vivants ou morts. Ô stupeur ; oh… - vous m’avez compris.
Bonheur contagieux que celui de Lang Lang et de Järvi dans l’Opus 26 du Russe. Le virtuose s’y lance avec un féroce appétit : vision ébourrifée certes mais tenue et diablement séduisante, portée par un orchestre plein de relief. On peut certes émettre quelques réserves sur les moments les plus lyriques du thème et variations médian – le piano, un Steinway assez pâlichon, n’aide pas non plus. Il faudrait en revanche une bonne dose de masochisme pour ne pas se prendre au jeu d’un dernier mouvement que soliste et chef mènent jusqu’à un véritable incendie conclusif avec un aplomb rythmique sidérant. « Quel pied ! » : semblent-ils se dirent en se donnant l’accolade sous les applaudissements du public. En bis, la Valse op 18 de Chopin semble avoir fait un détour du côté du Chat Noir … La Toccata de Prokofiev eût été plus appropriée, soit.
C’est en Bretagne que Prokofiev termina son Concerto n°3 en 1916, c’est à Paris que six ans plus tôt la carrière de Stravinsky avait démarré avec L’Oiseau de feu. Paavo Järvi conclut la soirée par la Suite de 1919. Précision, raffinement inouï des couleurs, sensualité, sens narratif ; pas un seul instant le maestro ne perd de vue l’essence chorégraphique de la musique et distille une assez bouleversante poésie dans une parfaite complicité avec des musiciens aux anges. On piaffe d’impatience de les retrouver dans Le Sacre du printemps le 8 novembre prochain.
Alain Cochard
Paris, Salle Pleyel, 13 septembre 2012
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Photo : DR
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