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Gala des Etoiles au TCE - Le feu d’artifice - Compte rendu
Si proches et pourtant si différents : ils passent comme des traînées scintillantes, ces magnifiques danseurs venus de partout, posés sur la scène du Théâtre des Champs-Elysées pour quelques variations le temps de trois soirées, éphémères et essentiels. Ils ont bu à la même coupe, celle d’une discipline de fer, d’un amour forcené du mouvement, du désir d’arracher le corps à sa lourde normalité, et d’un besoin de beauté qui est un baume pour le public. Ils scandent et emplissent l’espace de leurs lignes somptueuses, façonnées par un parcours ascétique, et tracent dans la mémoire du public amoureux des instants jubilatoires, et pour certains inoubliables. Ainsi se sont incrustés dans nos souvenirs les jambes arachnéennes de Lucia Lacarra, les bondissements incroyables de Daniil Simkin, l’éclat solaire de Julien Favreau, sortis de leur contexte pour donner le meilleur d’eux-mêmes.
Cette année, le gala est encore monté en puissance, grâce à des nouveaux venus qui, discrètement mais sûrement, ont irradié dans des styles jusqu’alors absents de la scène classique : gaieté des tapdancers Jason Janas et Jumaane Taylor, éblouissante vitalité du lutin sexy Rasta Thomas (photo), capable de réaliser avec style les prouesses académiques les plus folles tout en jouant les électrons libres et jazzy. Il a jailli sur scène comme un formidable condensé d’amour de la vie, dans ce qui a pourtant dû être improvisé, puisque sa femme et partenaire Adriana Canterna avait in extremis dû rester aux USA.
Contraste fabuleux que celui offert par ce ludion, bourdon vrombissant – Bumble Bee - sur la musique de Rimski-Korsakov, avec la finesse glacée de Natalia Zakharova, cygne mourant avec hauteur, tandis que deux étoiles majeures du Ballet de Hambourg, injectaient sur le plateau le lyrisme inscrit dans les tragiques fresques de John Neumeier, avec une intensité poignante, de l’Adagietto de la Ve Symphonie de Mahler à l’un des pas-de-deux les plus resserrés de son Swan Lake. Au point de bouleverser non seulement le public, mais aussi leurs camarades de coulisses et de plateau, et notamment Rasta Thomas, sorti de son univers rythmique par cette impitoyable descente dans le drame humain, et disant ensuite son admiration pour les deux interprètes.
Car dans ces galas, la rencontre est majeure entre les danseurs, aux vies si canalisées par la barre, la scène et les aéroports. Ainsi de « la » Semionova, au statut de star, et passant désormais de Berlin à l’American Ballet : jambes infinies, axe d’acier, porte de tête altier, et de temps en temps un sourire qui rappelle celui de Julia Roberts, elle a plané sur le gala, avec pour partenaire son frère, le très beau et très doué Dmitri Semionov. Quant au français Fabrice Calmels, à la stature prométhéenne, il a formé avec sa fine partenaire géorgienne Victoria Jaiani un couple d’une grâce étrange, comme sorti d’un Eden des origines, pour la plus grande gloire du Joffrey Ballet, dont ils sont étoiles. Entre l’âpreté de Forsythe, envoyé à la perfection par le couple venu du Ballet des Flandres, Aki Saito et Wim Vanlessen, la fluidité du duo Julien Lestel-Gilles Porte, et les pirouettes ébouriffantes, dans Don Quichotte, de la plus piquante ballerine de la soirée, Jana Salenko, étoile à Kiev puis aujourd’hui à Berlin.
A l’issue de la soirée anniversaire qui fêtait les 15 années d’existence de ces galas, initiés par le producteur Richard Stephant, la joie irradiait. What else ?
Jacqueline Thuilleux
Galas des étoiles, Paris, TCE, le 21 septembre 2012
A ne pas manquer, la venue de Rasta Thomas avec sa compagnie Rock The Ballet, les 15, 16 et 17 mars 2013 à l’Olympia (www.olympiahall.com)
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Photo : Emmanuel Donny
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