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Valery Gergiev et le London Symphony Orchestra - Intégrales parallalèles - Compte-rendu
Les Quatre Symphonies de Szymanowski et de Brahms par le London Symphony Orchestra et Valery Gergiev. Le tour est aux nos 1. Aïe !, pas question d’échapper à l’Opus 15 du Polonais, l’une des plus belles portions d’étouffe-chrétien de la musique du XXème siècle naissant. Autant se débarrasser du pensum d’entrée de jeu. Gergiev et ses troupes y mettent beaucoup d’énergie, mais l’indigeste salmigondis néo-straussien, rendu plus indigeste encore par quelques pincées de scriabinisme mal assumé le sera toujours, indigeste. Szymanowski ayant commencé par le pire ne pouvait aller que vers le meilleur : dix ans après la Symphonie en fa mineur naît le Concerto pour violon n°1(1916) : miracle poétique. La lecture de Janine Jansen se révèle d’une perfection admirable ; pas un accroc, pas un défaut d’intonation. Un idéal de pureté sûrement pour les étudiants en violon qui assistent au concert. Mais l’approche de la belle Néerlandaise nous paraît trop lisse, trop apaisée ; il y manque le trouble, la tentation du fruit défendu, le frémissement érotique, ce que l’accompagnement de Gergiev ne favorise pas à l’excès non plus.
Elégance de Janine Jansen (photo) au moment du bis : elle partage l’Andante cantabile initial de la Sonate pour deux violons de Prokofiev avec l’excellent violon solo du London Symphony…
En seconde partie la 1ère Symphonie de Brahms se déploie avec des couleurs plutôt mates et des textures par trop épaisses souvent – la fichue acoustique de Pleyel n’aide pas sur ce plan… Rien de rédhibitoire toutefois, l’Opus 68 est fermement tenu et Gergiev peut compter sur son vigilant timbalier. Résultat très honorable mais un tantinet… prévisible. On eût aimé être emporté ; le voyage se déroule sans encombre, le paysage semble un peu morne.
Le lendemain, l’affiche fait place aux Symphonies n°2, des pièces colorées, parfois souriantes. Par contraste ironique, le programme s’ouvre sur L’Ouverture tragique de Brahms où Gergiev fait « patte de velours » histoire de ne pas en rajouter. Ça ne risque pas : le LSO en quasi-« pilote automatique » use du minimum syndical, confiant dans sa belle cohérence naturelle et le riche coloris de ses timbres… Cela ne suffit pas pour la 2ème Symphonie de Brahms : il faut plonger dans les profondeurs de cette pâte, au-delà des apparences rieuses, pour atteindre au tréfonds que les grands maîtres du passé savaient creuser…
Presque discret, le chef russe ne froisse pas le bel emballage de ses instrumentistes qui soignent le paquet cadeau avec le sourire comme s’ils attendaient avec impatience de se lâcher dans la sempiternelle Danse hongroise qu’ils ont préparée avec une évidente gourmandise… Le cœur battant de cette matinée contrastée est venu avant avec la révélation de la 2ème Symphonie (1909-1910) de Szymanowski dans toute son originalité et la force de son inspiration. Même s’il permet à son magnifique violon solo de briller, Gergiev ne laisse pas la bride sur le cou de son orchestre qu’il fouette pour obtenir un maximum de contraste sans jamais nuire à la clarté des contours.
Paris, Salle Pleyel, 6 et 7 octobre 2012
Alain Cochard (concert du 6 octobre)
&
Jacques Doucelin (concert du 7 octobre)
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Photo : Decca/Felix Broede
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