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Marc Minkowski et Les Musiciens du Louvre - De l’art d’être trentenaire

Trente ans ! On a l’impression que c’était hier pourtant, les premiers concerts à l’Oratoire du Louvre ou à Saint-Germain-l’Auxerrois - ; on se souvient encore d’un médusant Stabat Mater de Vivaldi avec Nathalie Stutzmann. Trente ans donc que Les Musiciens du Louvre sont fondés.

Ils ont conquis bien des territoires, Paris d’abord, s’imposant malgré l’empire Christie-Arts Florissants déjà régnant, la France, et puis l’Europe. Mais qui aurait pu croire qu’aujourd’hui, même avec Grenoble comme port d’attache, Marc Minkowski et ses musiciens se produiraient plus souvent à Vienne ou à Salzbourg qu’en leur patrie ?

C’est pourtant la réalité, et cela nous fait le constat un peu trop amer, à force d’espérer toujours dans la fosse de Garnier dès qu’on sait qu’on va y jouer Rameau ou Haendel, de devoir entendre en leur place légitime une formation certes excellente, mais loin derrière l’inspiration, le sens du théâtre, les fulgurances et les prises de risques que Les Musiciens du Louvre mirent pourtant in loco à leur immortelle Platée. Raison de plus pour célébrer la joyeuse compagnie et son chef qui depuis leurs temps de trublions sont devenus des artistes, et quels !

On les gronde pourtant de ne pas revenir plus souvent à Haendel, à Rameau, à Gluck même s’ils veulent, mais voilà que pour nous clouer le bec, après l’année passée des Londoniennes de Haydn saisissantes, ils nous offrent une intégrale des Symphonies de Schubert à rendre Sandor Vegh lui-même jaloux (1).

Oui, Les Musiciens du Louvre sont devenus ceux du Muskikverein. On s’en lamente, on les applaudit pourtant et on les applaudira tout au long du mois de novembre, entre la Cité de la musique et Pleyel qui offrent à Minkowski – cinquante printemps tout juste – de nous dévoiler son Domaine Privé.

Ensemble, le chef et ses musiciens ouvrent les festivités par deux concerts : Schubert avec “La Grande“ mais aussi la plus rare 3e (le 8 /11) , Bach (Magnificat) et Haendel (Dixit Dominus), paire parfaite (le 10/11), puis, - une madeleine ! – (le 11/11), à l’Amphithéâtre, Marc Minkowski et ses amis reviennent quasiment tente ans en arrière et reforment le consort qu’ils avaient assemblé en 1984 sous le titre charmant de Lous Landes. Hugo Reyne, Sébastien Marq, Pierre Hantaï entoureront Marc Minkowski retrouvant son basson !

Le 13, l’autre orchestre du chef français, le Sinfonia Varsovia, investit la Salle des Concerts pour un programme tout polonais qui aurait certainement ému aux larmes le Professeur Minkowski : Ouverture et Danses tirées de l’Halka de Moniuszko, Second Concerto pour violon de Szymanowski (sous l’archet de Kuba Jakowicz), 3e Symphonie de Gorecki (avec la magnifique Marita Solberg, soprano à suivre !).

Feux d’artifice final (les 22/11 et 1/12) avec deux fois Les Contes d’Hoffmann, mais à Pleyel. Nathalie Dessay se confronte aux trois rôles féminins, laissant évidemment les divers visage du Diable à son époux à la ville, Laurent Naouri. Immanquable.

Jean-Charles Hoffelé

(1) 4 CD et 1 DVD Naïve V5299

Domaine Privé de Marc Minkowski,
Paris, Cité de la Musique
Les 8, 10, 11 et 13 novembre 2012
Paris, Salle Pleyel
Les 22 novembre et 1er décembre 2012

www.citedelamusique.fr
www.sallepleyel.fr

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Photo : Marco Borggreve/Naïve
 

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