Dans le cadre des Salons musicaux de Garnier, les musiciens de l’Opéra National de Paris (la flûtiste Céline Nessi, le corniste David Defiez, le hautboïste Jacques Tys, le clarinettiste Alexandre Chabod, le bassoniste Laurent Lefèvre, la pianiste Sandra Westphal) offrent un concert de musique de chambre consacré à deux œuvres françaises rares et différentes de caractère : le Sextuor en ut mineur, op 40 de Louise Farrenc (1804-1875) et le Quintette pour piano, flûte, hautbois, clarinette et basson d’André Caplet (1878-1925).

Musicienne prolixe, Louise Farrenc enseigna le piano au Conservatoire de Paris pendant plus de trente ans. Sa finesse d’esprit et sa volubilité proches de son maître Antoine Reicha se retrouvent dans un Sextuor (1852) défendu à la perfection par des solistes rompus à cet exercice. Interprétation tonique et enlevée où le piano insuffle vie et élégance à une partition assez académique mais très virtuose. Les vents tissent un tapis sonore d’une beauté radieuse (Andante sostenuto).

Avec le Quintette d’André Caplet – œuvre de jeunesse (1898-1899) aux climats très contrastés proches de Franck et de Fauré – l’enjeu est d’une autre taille. Prestation digne de tous les éloges : la lecture enthousiaste des musiciens de l’Opéra rend justice à une partition aux harmonies ondoyantes, parfois teintées de cette modalité des temps anciens (Adagio) dont Debussy, grand ami de Caplet, saura plus tard faire usage.

Une soirée de musique de chambre hors des sentiers battus et de grande qualité, précédée par les commentaires concis et instructifs de la musicologue Hélène Pierrakos. Prochain Salon musical à Garnier le 30 décembre, pour un programme mêlant le 8ème Quatuor de Schubert à des valses de Strauss transcrites par Webern, Berg ou Schoenberg.

Michel Le Naour

Paris, Palais Garnier, 16 décembre 2012

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Photo : DR