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Le Quatuor Prazak au musée d’Orsay - La chair de l’émotion - Compte-rendu
Le musée d’Orsay s’est mis à l’heure magyare avec l’exposition «Béla Bartók et la modernité hongroise » (1) qu’accompagne le cycle « Allegro Barbaro » proposé à l’Auditorium – une série qui a pour fil conducteur les six Quatuors à cordes de l’auteur du Mandarin merveilleux. Une salle archi-comble attend le Quatuor Prazak pour un programme réunissant la Sérénade pour trio à cordes de Dohnanyi, le 6ème Quatuor de Bartók et le 3ème de Brahms.
L’Opus 10 de Dohnányi est abordé avec une vigueur pour le moins irrésistible. Les trois archets font leur le lyrisme dru d’une partition pleine de relief, trop rare dans les concerts. Cette franchise du propos vaut aussi pour le 6ème Quatuor de Bartok, complexe ouvrage que les Prazak maîtrisent jusque dans ses moindres détails. Mais point d’intellectualisme, aucun « regardez-comme-c’est-écrit-de-savante-manière » de leur part. Tant mieux : ils donnent à toucher à la chair de l’émotion qui se dégage d’une composition tardive et lourde de signification, écrite juste avant l’exil de l’auteur aux Etats-Unis.
L’atmosphère s’allège en seconde partie de soirée avec le 3ème Quatuor op. 67 de Johannes Brahms. Impossible de ne pas fondre de bonheur face à la simplicité et au naturel confondants d’une approche que pimente l’inimitable touche Mitteleuropa des Prazak. Bonheur partagé d’une humaine conversation musicale : toute l’essence classique du Quatuor en si bémol majeur est saisie, avec une homogénéité qui n’annihile cependant jamais la personnalité de chacun des instrumentistes. La goûteuse rusticité du 3ème mouvement semble lancer un clin d’œil amical au bon vieux Haydn !
Les musiciens tchèques rentrent au pays au moment du bis avec la Valse en ré majeur op. 54 de Dvorak ; une conclusion pleine de chic et de fraîcheur.
Notez enfin que l’actualité d’Orsay sera encore bartokienne, le 17 décembre dans la nef, avec un concert du Philharmonique de Radio France dirigé par Tito Ceccherini. Au programme : les Deux Images op. 10, la Suite du Prince de Bois et le premier mouvement de la Sonate pour violon seul sous l’archet d’Hélène Collerette.
Alain Cochard
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elle se prolonge jusqu’au 5 janvier 2014. Son riche catalogue permet de découvrir, entre autres, une interview de Pierre Boulez consacrée à Bartók (Ed. Hazan/Musée d’Orsay, 272 p., 40€)
Paris, Auditorium du musée d’Orsay, 28 novembre 2013
Photo : Guy Vivien
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