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Cédric Tiberghien au Théâtre de Cornouaille - Elégance et hauteur de vue - Compte-rendu

Très présent sur les scènes anglo-saxonnes, Cédric Tiberghien fréquente moins souvent celles de l’Hexagone. C’est en France qu’il obtint pourtant en 1998, à l’âge de 23 ans, le Premier Prix du Concours Long-Thibaud. Quelques jours avant de se produire dans la saison « Piano à Lyon », il proposait au Théâtre de Cornouaille de Quimper un programme d’un romantisme à fleur de peau associant la Première des Années de Pèlerinage de Liszt à la Sonate D. 958 de Schubert. Avec simplicité et clarté, il s’adresse au public pour présenter chacune des œuvres et s’exprime avec la même finesse et la même élégance quand il se met au clavier.

La maîtrise consommée dont il fait preuve dans l’univers de Liszt force l’admiration. Tiberghien se montre soucieux d’intérioriser le discours, de ménager les plans sonores, de doser couleurs et accents. Sa hauteur de vue parvient à faire oublier l’instrument (quelle main gauche royale dans Orage !) pour atteindre des sommets d’invention (Vallée d’Oberman), de poésie (Au bord d’une source), de transparence (Eglogue). Dans la Sonate en ut mineur de Schubert, par un jeu frémissant, engagé, au bord de la rupture parfois même (Allegro final), l’interprète se projette avec une rare économie de moyens dans le mystère insondable et l’inquiétante fébrilité d’une partition quasi testamentaire.

Clin d’œil à l’esprit des lieux, La Cathédrale engloutie de Debussy, pièce inspirée par la légendaire Ville d’Ys au large de Douarnenez, clôt un superbe récital marqué du sceau de l’intelligence et de la perfection pianistique. Raison de plus pour se précipiter Salle Pleyel, le 23 mars où cet artiste hors pair se produira avec l’Orchestre National d’Ile-de-France et Enrique Mazzola dans le Concerto n° 4 de Beethoven.

Michel Le Naour

Quimper, Théâtre de Cornouaille, 8 décembre 2013

Photo © Benjamin Ealovega

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