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Denis Pascal en récital à Gaveau - Intériorité et sérénité – Compte-rendu
L’idée de conjuguer l’univers de Schubert avec celui de Liszt tient de l’évidence et Denis Pascal, à travers le thème du voyageur, sait établir les ponts qui unissent les deux compositeurs. Son récital, d’une intelligence de conception tout à fait remarquable, conjugue avec bonheur rêve et virtuosité, intériorité et sens de la narration en insistant plutôt sur la musicalité, la poésie limpide et une forme de sérénité bannissant autant les effets de manches que l’ostentation.
Dès l’Impromptu op. 90 de Schubert d’une lenteur mesurée, le ton est donné par la clarté de l’élocution, la primauté du chant et le soin apporté à la dimension harmonique, quitte à oublier la fébrilité et l’agitation souterraine de cette musique. La Wanderer Fantaisie unifie les climats avec un jeu sensible, fluide, dont la vélocité, jamais absente est parfaitement intégrée à la ligne globale. On peut préférer plus de puissance massive, de force tellurique, mais le mouvement général, la couleur d’ensemble, le registre simple et naturel, convainquent in fine.
Cette simplicité d’allure se retrouve dans les quatre pièces extraites des Années de Pèlerinage de Liszt (Le Mal du pays, Vallée d’Obermann, Sonnet de Pétrarque n° 123, Après une lecture de Dante). Sous la sérénité apparente, le soliste, maître de sa technique, met en valeur plusieurs facettes de l’art lisztien entre nostalgie, délicatesse et plénitude de l’inspiration romantique. Les bis généreux font voisiner Chopin, Scriabine, Bach/ Sebök, Debussy, confirmant la belle palette sonore d’un interprète élégant et subtil.
Michel Le Naour
Paris, Salle Gaveau, 31 janvier 2014
Photo © P. Matsas
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