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François-Xavier Roth et Les Siècles à Pleyel - Jean-Guihen Queyras au plus haut des " Siècles" - Compte-rendu
Cette magnifique matinée du dimanche dans une salle Pleyel pleine à craquer constituait une sorte de bis pour François-Xavier Roth après sa récente Lakmé à l’Opéra Comique. Car il avait choisi avec son orchestre « Les Siècles » Bizet et Saint-Saëns. Le recours aux instruments contemporains des œuvres les nettoie des pièges de la routine et évite aux interprètes toute erreur de style. Ce chef français en poste à Baden-Baden a ainsi ouvert une voie qui devrait devenir la règle pour le plus grand bien de tous.
Car les grosses machines symphoniques parisiennes nous ont fait oublier un peu vite la légèreté quasi impressionniste du délicat basson français, qui se marie pourtant si bien avec le reste de la petite harmonie et convient au répertoire français, tout comme la sensualité des timbales en peau. Et puis, au seul plan de la réalisation musicale comme de l’attention portée par chaque musicien à ce qu’il fait dans le groupe, le fait de changer presque à chaque concert de facture instrumentale – des cors plus frustes par exemple – est une garantie d’efforts pour tous.
Voici donc en ouverture une Danse macabre de Saint-Saëns hors de tout sentier battu et qui ne sent pas son Viollet-Le-Duc, annonçant au contraire l’explosion de la future Valse de Ravel, hésitante parfois au lieu de ronronner. Que dire de ces Jeux d’enfants de Bizet, trop rares aux oreilles des adultes, tissés de mille délicatesses de timbres acidulés aussi frais et dignes d’un Renoir que ceux qu’imagineront quelques années plus tard Debussy et Ravel. Etant de la plus grande précision, Roth serait sec, susurrent les partisans du « flou artistique »… C’est l’inverse qui est vrai !
A preuve ce 1er Concerto pour violoncelle de Saint-Saëns pour lequel le chef a su tendre une toile magique et irisée sur laquelle la mélodie quasi continue du soliste Jean-Guihen Queyras peut se développer sans jamais quitter le premier plan. Souple comme une liane, la direction du chef s’accorde au caractère volontairement chambriste imprimé par le celliste. Il est très rare de rencontrer pareille complicité entre les protagonistes d’une œuvre. Il fallut encore la 7ème Etude de Duport et la Sarabande de la 1ère Suite pour violoncelle de Bach pour calmer l’enthousiasme du public.
Ce festival de nuances subtiles se conclut sur la Symphonie du jeune Bizet d’une exquise fraîcheur, on dirait d’une spontanéité exemplaire si l’on ignorait quelle somme de travail peut seule aboutir à une telle perfection : car chaque mouvement a son juste poids, sa couleur et son rythme. Quel prodige d’invention chez un tout jeune homme de 17 ans !
Jacques Doucelin
Paris, Salle Pleyel, 9 février 2014
Photo @ Marco Borggreve
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