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Te craindre en ton absence en création aux Bouffes du Nord - Craintes fondées – Compte-rendu
Le compositeur Hèctor Parra semble avoir le vent en poupe. Tout du moins si l’on en juge par Te craindre en ton absence, sa dernière œuvre scénique, qui fait courir toute l’intelligentsia parisienne aux Bouffes du Nord. Bien que l’on puisse s’interroger sur le motif de ce succès, annoncé par avance dans la presse (écrite). Car au compositeur espagnol né en 1976 et établi à Paris, viennent se joindre d’autres noms qui lui disputent la vedette : la romancière Marie NDiaye, Prix Goncourt en 2009, Georges Lavaudant, metteur en scène qu’il n’est plus besoin de présenter, ainsi que l’Ensemble Intercontemporain et l’Ircam. Une espèce de réunion au sommet pour ce monodrame, ou plutôt “ mélologue ” ; pour reprendre la terminologie (melólogo) de Tomás de Iriarte, autre Espagnol, inventeur à la fin du XVIIIe siècle de cette forme théâtrale qui mêle musique et texte déclamé par un récitant.
La musique de Parra ne mérite que des éloges, dans son écriture à la fois complexe, savante et séduisante, sans nulle agression pour les oreilles. Sauf que la sauce avec la partie déclamée ne prend pas. En raison essentiellement du texte, prétendument poétique mais bien plutôt incompréhensible. Il s’agit, apparemment et d’après ce que l’on peut vaguement en déduire, d’un personnage féminin qui soliloque à propos de sa mère, de sa situation de fermière en Allemagne et de ses poules chéries. Parfaitement alambiqué ! Et l’ensemble ne forme pas un tout. D’un côté, la musique, qui se suffit à elle-même, excellemment transmise par les douze instrumentistes d’un Intercontemporain scintillant et l’écho vaporeux de la technique électroacoustique (réalisée par Thomas Goepfer), sous la direction ferme de Julien Leroy ; et de l’autre, un récit monocorde, assez bien dit par Astrid Bas mais plaqué. Le plateau de scène se résume pour sa part à quelques lumières, des citations du texte projetées et un sol jonché de plumes (des poules en question ?). Bien peu, pour un spectacle qui ne l’est pas exactement.
Nonobstant, une tournée dudit spectacle est prévue, avec une étape au prochain Musica de Strasbourg. Alors que Parra a un autre projet en commun avec NDiaye, un véritable opéra cette fois, Das geopferte Leben, commande de la Biennale de Munich, où il sera créé cette année. Ceci explique peut-être cela.
Pierre-René Serna
Parra/NDiaye : Te craindre en ton absence - Paris, Théâtre des Bouffes du Nord, 5 mars 2014, reprise le 4 octobre 2014 dans le cadre du Festival Musica de Strasbourg.
Photo © Luc Hossepied
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