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Le Crépuscule des dieux au Grand Théâtre de Genève - sobre et cohérent – Compte-rendu
Avec Le Crépuscule des dieux se referme le Ring entamé en mars 2012 au Grand Théâtre de Genève. Une vision panoramique de cette production signée Dieter Dorn fait apparaître bien plus de qualités que de défauts. La dernière journée du cycle n’égale toutefois pas le Siegfried qui allait crescendo par rapport à L’Or du Rhin et à La Walkyrie.
La direction de Ingo Metzmacher, discursive, voire rapide, fouaille toujours avec le même bonheur la substance orchestrale pour mieux appréhender dans une vision chambriste toutes les subtilités de la partition. Un rien de retenue dans l’émotion peut paraître frustrant, mais le chef sait aussi s’enflammer lors des climax (Mort de Siegfried, scène finale). L’Orchestre de la Suisse romande, sous cette baguette experte et sans concession, ne peut toutefois éviter quelques dérapages du côté des cuivres.
Cohérente, la mise en scène de Dieter Dorn ramasse tout le contenu des précédents épisodes avec une distanciation théâtrale où la mise en espace est privilégiée par rapport aux effets dramaturgiques et à l’attirail mythologique. L’économie de moyens, voire une sobriété toute patricienne, est aussi l’apanage des décors et costumes de son compère Jürgen Rose qui participe avec efficacité à cette conception d’une honnêteté partagée et d’une culture commune.
En Siegfried, John Daszak n’est pas un héros de légende mais il assume le rôle-titre avec une tenue et un engagement constants. Petra Lang, Brünnhilde saisissante de présence (la scène de l’immolation !), peine quelque peu dans le medium mais projette des aigus valeureux. Apparition très suggestive de la Waltraute de Michelle Breedt et performance remarquée du couple Gunther et Gutrune de Johannes Martin Kränzle et Edith Haller qui crèvent l’écran. En revanche Jeremy Milner, au timbre trop léger, ne correspond pas au personnage de basse noire de Hagen même s’il en possède l’aspect physique.
La réussite de ce travail digne d’un compagnonnage assumé trouvera toute sa logique lors de deux reprises courant mai au Grand Théâtre d’une Tétralogie plus humaine qu’épique, marquée du sceau de la lisibilité et d’un véritable pouvoir de persuasion.
Michel Le Naour
Genève, Grand Théâtre, 26 avril 2014
Wagner : Le Ring
(Deux cycles du 13 au 18 mai et du 20 au 25 mai 2014)
Genève – Grand Théâtre
L’Or du Rhin : mardi 13 mai (19h30)
La Walkyrie : mercredi 14 mai (18h00)
Siegfried : vendredi 16 mai (18h00)
Le Crépuscule des Dieux : dimanche 18 mai (15h00)
L’Or du Rhin : mardi 20 mai (19h30)
La Walkyrie : mercredi 21 mai (18h00)
Siegfried : vendredi 23 mai (18h00)
Le Crépuscule des Dieux : dimanche 25 mai (15h00)
www.geneveopera.ch
Photo © Carole Parodi
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