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Philippe Jordan, Simon Keenlyside et l’Orchestre de l’Opéra de Paris - Une suprême élégance – Compte-rendu
Le sourire aux lèvres, le geste large et précis, Philippe Jordan entraîne les troupes de l’Orchestre de l’Opéra de Paris avec une autorité naturelle et totalement consentie dans un programme dense qui met sa formation particulièrement en valeur.
L’Ouverture de Tannhäuser est conduite avec un dosage des gradations, une clarté de la pâte sonore, un sens des nuances et un lyrisme sans pathos. La transparence du tissu orchestral, la subtilité des éclairages, le contrôle dynamique, la fluidité du propos, caractérisent ensuite l’interprétation de la Symphonie fantastique de Berlioz, parfaite sur le plan formel et portée par un véritable souffle jusqu’au paroxysme final. Foisonnante de détails et pourtant très construite, cette conception lumineuse, élégiaque et racée témoigne d’une parfaite maîtrise de tous les éléments.
Simon Keenlyside / © DR
Auparavant, un bouquet de cinq lieder de Richard Strauss à la tonalité tantôt éthérée (Hymnus), tantôt flamboyante (Pilgers Morgenlied), est rendu avec intensité par Simon Keenlyside. Immense artiste - on se souvient de son incarnation hallucinée de Wozzeck-, il compense par sa présence, son sens de la déclamation et une réelle projection certaines difficultés éprouvées dans le registre medium. En revanche, l’orchestre aux cordes ouatées offre un écrin de toute beauté et permet, par un accompagnement délicat et toujours attentif, de surmonter la gêne passagère ressentie par le baryton. Les concerts symphoniques de Philippe Jordan rencontrent toujours la même adhésion auprès du public parisien. La qualité de l’interprétation est confortée par celle d'instrumentistes dont l’empathie avec leur directeur musical fait plaisir à voir.
Michel Le Naour
Paris, Opéra Bastille, 11 juin 2014
Photo Ph. Jordan © Ronaldo
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