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« Hippolyte et Aricie ou la Belle-mère amoureuse » au 5ème Midsummer Festival d’Hardelot – Quand la tragédie lyrique descend de son piédestal – Compte-rendu

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260 parodies pour le seul XVIIIe siècle ! : comme le rappelle Françoise Rubellin(1), les parodies d’opéras « fascinaient le public parisien, qui y courait en foule, depuis le petit peuple qui n’avait pas vu l’opéra parodié, jusqu’aux grands de la Cour ». Ainsi Riccoboni et Romagnesi en 1733, puis Favart en 1742 s’occupèrent-ils du cas d’Hippolyte et Aricie, premier ouvrage lyrique de Rameau (créé en 1733 et donné dans sa 2ème version en 1742) – les parodieurs ne perdaient pas de temps pour faire descendre la tragédie de son piédestal !
 
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© Pascal Brunet

On avait manqué « Hippolyte et Aricie ou la Belle-mère amoureuse », production du Centre de Musique Baroque de Versailles, lors de son passage à l’Opéra Comique en début d’année. Sa venue au 5ème Midsummer Festival d’Hardelot aura été l’occasion de combler cette lacune - et de faire une savoureuse découverte !
Benoît Dratwicki est ici l’auteur de l’adaptation et des transcriptions musicales d’un spectacle qui cherche, et parvient avec succès, « à englober en un seul geste l’œuvre originale de Rameau et son double déformé ». Une déformation-dégradation-dédramatisation dans laquelle l’usage d’airs populaires (les timbres) joue un rôle clef.
 

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© Pascal Brunet
 
Tout comme les marionnettes, apparues après l’interdiction par la toute puissante Comédie Française en 1722 des acteurs dans les foires. Foire Saint-Germain, Foire Saint Laurent : l’« Hippolyte et Aricie » du CMBV (Jean-Philippe Desrousseaux signe la mise en scène, Antoine Fontaine et Edith Dufaux-Fontaine les admirables décors, François-Xavier Guinnepain de subtiles lumières) renoue à trois siècles de distance avec l’esprit des spectacles qui se donnaient en ces lieux très courus – on sait qu’en février 1722, le Régent en personne vint se faire représenter une parodie pour marionnettes à la Foire Saint-Germain… à deux heures du matin !
 
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© Pascal Brunet

Maniées avec une éblouissante dextérité par Gäelle Trimardeau, Bruno Coulon et Jean-Philippe Desrousseaux, qui prêtent aussi leurs voix à la production, les marionnettes (fabriquées à Prague par Petr Rezac et Katia Rezacova) nous font découvrir un tout autre visage d’Hippolyte et Aricie avec, en tête de distribution, une Phèdre transformée en désopilante marâtre nymphomane. Et tout le reste à l’avenant !

Un peu surpris au départ par le spectacle qui lui est proposé, le public se laisse vite happer par la vie, la drôlerie, la poésie aussi qui s’installent dans le cadre parfait d’intimisme de la salle du Festival d’Hardelot. Très impliqués, Marie Kalinine (Phèdre) et Philippe-Nicolas Martin (Thésée) alternent tous deux avec aisance entre le parodique et le sérieux (quand respect de l’original il y a) et jouent à plein du contraste entre les artistes lyriques qu’ils sont et le ton populaire des marionnettistes (la gouaille très Pauline Carton d’Œnone vaut le détour ! ).
Parfaitement accordés à son rythme et à sa couleur, Mira Glodeanu et son bel Ensemble Philidor apportent une contribution de taille, pleine de fruit et de relief, à un spectacle très longuement applaudi.

Une soirée à marquer d’une pierre blanche dans la 5ème édition du Midsummer Festival d’Hardelot. Elle se prolonge jusqu’au 5 juillet : il est encore temps d’aller y déguster un programme réunissant Felicity Lott, Chantal Santon, Philippe-Nicolas Martin et l’Ensemble Constraste (le 4/07), avant les cantates de Haendel (par l’Ensemble Risonanza) qui préluderont à un parcours féerique dans les jardin et le salons du château et aux midnight fireworks (5/07).

Alain Cochard

(1) Spécialiste de la littérature du XVIIIe siècle, Françoise Rubellin est le conseiller théâtral du spectacle

« Hippolyte et Aricie ou La Belle-mère amoureuse », parodie d’Hippolyte et Aricie de Rameau et Pellegrin (1733), d’après les parodies de Riccoboni et Romagnesi (1733) et Favart (1742) – 5ème Midsummer Festival d’Hardelot, 26 juin 2014.
www.chateau-hardelot.fr

Photo © Pascal Brunet

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